Marcher sur le tronçon de la rue Sainte-Catherine bordé par la Place des Arts est récemment devenu une expérience lumineuse. Lorsque le soir tombe, les passants sont pourchassés par des flèches, des mots et des motifs projetés par le mur de lumière interactive de la Vitrine culturelle. Une première nord-américaine qui commence à faire des petits.

Tous les soirs depuis bientôt trois mois, 35 000 ampoules LED s'allument et s'activent au gré des mouvements des badauds qui passent devant la Vitrine, une billetterie de dernière minute située à l'angle de la rue Saint-Urbain.

Le concept est inédit. Grâce à un détecteur de mouvements, les images lumineuses affichées sur la devanture du guichet changent en fonction de ce que font les passants.

Ainsi, lorsqu'une personne marche en direction du mur lumineux, les objets peuvent grossir. Lorsqu'elle recule, ils rapetissent. Des formes géométriques ou des mots comme «rock», «cirque» ou «billet» peuvent spontanément talonner le passant. Si on entre dans le local, les ampoules rouges se mettent à clignoter. En fait, l'oeuvre est une sorte de Light Bright animé, grandeur nature.

«L'idée était de créer une animation urbaine qui ne soit pas publicitaire, mais davantage artistique», explique le concepteur, Matei Georgescu Paquin. On voulait célébrer la présence des passants en leur donnant la chance de générer le contenu, puis de se l'approprier par le jeu.»

Le mur interactif a été créé par la société montréalaise Moment Factory, qui a notamment collaboré avec le Cirque du Soleil. Selon Matei Georgescu Paquin, qui est également directeur du développement de projets pour la société, le mur interactif a suscité beaucoup d'enthousiasme.

L'oeuvre lumineuse a d'ailleurs reçu le prix Créativité Montréal dans la catégorie Intégration urbaine - aménagement urbain.

À peine quelques semaines après son inauguration, Moment Factory a créé un mur semblable sur la 17e Avenue à Calgary pour la banque ATB Financial. Seule différence, les passants interagissent avec des images projetées sur des écrans LCB.

«La réponse est très bonne, dit Matei Georgescu Paquin. Je reçois des courriels de partout dans le monde. Plusieurs personnes m'ont demandé quelque chose de similaire à ce qu'on a fait à Montréal et à Calgary.»

Même son de cloche de la part de Frédéric Bove, directeur du Plan lumière du Quartier des spectacles, dont le mur lumineux fait partie.

«Pour moi, la lumière est un objet organique, un véritable vocabulaire, explique-t-il. C'est aussi un

excellent vecteur pour le marketing d'une ville. À preuve, les photos de nuit vendent très bien une destination touristique. L'idée de la Vitrine est partie de cela.»

Une tendance qui se poursuit

Le mur de la Vitrine donne un avant-goût de la signature «dynamique» du futur Quartier des spectacles. Le Plan lumière prévoit faire du point rouge lumineux la marque de commerce du quadrilatère artistique.

Depuis 2006, les points rouges ont commencé à faire leur apparition sur le sol à devant des salles de spectacle comme le TNM, la Cinérobothèque, la Maison du jazz, le Club Soda ou le Monument-National.

Au total, il est prévu que 18 salles soient ornées de 8000 points rouges. Lorsque l'installation sera achevée, à la fin de 2010, les salles de spectacle pourront, par exemple, programmer les ronds lumineux pour qu'ils battent au rythme de la musique interprétée à l'intérieur. Les points pourront se déplacer de manière à inciter les spectateurs à entrer à l'intérieur à la fin de l'entracte.

Le mur lumineux de la Vitrine s'active tous les soirs entre 19 h et 23 h. On peut le voir à momentfactory.com