Huit mille chansons. C'est ce qu'on trouve en moyenne dans les ordinateurs des jeunes Britanniques de 14 à 24 ans, révèle une étude de l'Université de Hertfordshire publiée la semaine dernière. Des heures et des heures de musique pour lesquelles ils n'ont pas versé un sou, dans la plupart des cas.

En dépit des efforts faits pour contrer cette pratique, 61 % des jeunes continuent de télécharger illégalement de la musique au Royaume-Uni. Des 1800 jeunes interrogés, 78 % ont déclaré ne pas être intéressés à payer pour un service d'écoute de musique en ligne (comme Spotify). Par contre, la vaste majorité de ceux qui téléchargent se dit prête à payer un prix fixe pour un service de téléchargement illimité, qui pourrait par exemple être porté à leur facture de téléphone. Plus étonnant, les trois quarts assurent que cela ne les empêcherait pas de continuer à acheter des CD.

«S'ils sont prêts à travailler avec nous si nous leur offrons un service à volonté, eh bien, comme industrie, nous devrions essayer de leur procurer ce genre de service», a déclaré lundi dernier Feargal Sharkey, chef de UK Music, l'organisme représentant l'industrie de la musique britannique qui a commandé l'étude.

Autoriser le débit en ligne?

Selon la consultante web Michelle Blanc, si les adolescents achètent peu de musique en ligne, c'est avant tout parce que les transactions s'y font par carte de crédit plutôt que par carte de débit. «Si les jeunes n'ont pas la capacité mécanique d'acheter de la musique en ligne, ils ne l'achèteront pas.» Plutôt que de cibler les téléchargeurs frauduleux, l'industrie du disque devrait faire pression pour autoriser l'achat par carte de débit en ligne, estime-t-elle. La preuve? L'industrie des sonneries de téléphone est florissante parce que les jeunes peuvent porter les frais à leur facture de cellulaire, affirme-t-elle.

En outre, Michelle Blanc est de ceux qui croient que le CD devra bientôt être considéré comme un outil promotionnel. «Il va falloir que les artistes commencent à faire de l'argent sur les produits dérivés de leurs oeuvres. C'est-à-dire les spectacles, les casquettes, les t-shirts, etc.», estime-t-elle.

Et, pourquoi pas, les biens virtuels sur l'internet.

D'autres diront que ce qui est possible pour Radiohead ne l'est pas forcément pour des artistes moins connus, pour qui les tournées sont hors de prix... Vaste débat.