Cinquième prix en 1991, à 16 ans, à l'ancien Concours international de violon de Montréal, puis victime d'un horrible accident qui la prive de l'usage de ses jambes, Rachel Barton Pine revient annuellement au Festival de musique de chambre de Montréal, ajoutant à son itinéraire cette année le Festival de Lanaudière.

La violoniste américaine, qui a maintenant 34 ans, y présentait deux programmes: l'un pour violon seul lundi soir, l'autre avec piano hier soir. Lundi, à Repentigny, parmi quelque 200 auditeurs, je n'ai vu qu'un ou deux de nos musiciens professionnels. Ceux-ci auraient dû être là en masse car Rachel Barton Pine constitue un véritable phénomène, son handicap n'affectant pas le moins du monde sa virtuosité, sa musicalité, sa concentration, voire sa bonne humeur, qualités dont elle nous offrit à chaque instant le maximum.

À son habitude, la souriante violoniste présenta ses pièces, s'excusant de ne pouvoir le faire en français. Son programme, j'en conviens, n'était pas d'une grande profondeur. Elle l'avait manifestement voulu d'abord brillant, rempli d'effets violonistiques, et donc plutôt superficiel.

La plupart des compositeurs qu'elle avait alignés sont inconnus. Qui a déjà entendu parler de Fred Onovwerosuoke? Et qui distinguera Samuel Coleridge-Taylor de Coleridge-Taylor Perkinson? Les savantes notes de Robert Markow nous éclairaient à ce sujet. Les seuls noms familiers étaient Albéniz, Tarrega, Ysaye et José Serebrier. De Ysaye, Mme Pine joua la dernière des six Sonates pour violon seul et y joignit deux pièces de Manuel Quiroga, violoniste à qui cette sonate est dédiée. Quant à Serebrier, il est d'abord chef d'orchestre et dirige le Royal Philharmonic dans le dernier disque de Mme Pine.

Jouant presque tout de mémoire, la violoniste inclut ses propres variations sur God Defend New Zealand, où le thème restait présent à travers une pluie d'arabesques, d'harmoniques et de pizzicati. Un Bach en rappel nous fit retrouver la profonde interprète qu'elle n'a jamais cessé d'être.

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RACHEL BARTON PINE, violoniste. Lundi soir, église de la Purification à Repentigny. Dans le cadre du 32e Festival de Lanaudière.