Ce qu'on a nommé «global beat» au cours des années 90 a fait des petits. Les groupes Transglobal Underground, Asian Dub Foundation ou même Zebda sont des pionniers de cette mouvance musicale. Parmi les Ojos de Brujo et autres protagonistes d'un global beat deuxième mouture, Watcha Clan représente Marseille et la Méditerranée.

«C'est un peu grâce à Transglobal Underground et Asian Dub Foundation que nous nous sommes mis à faire cette musique. Mais nous voulions les références méditerranéennes, nous voulions les cultures arabes, berbères, juives ou gitanes. On a souvent tendance à opposer l'Europe à l'Afrique du Nord, nous essayons plutôt de souligner ce que nous avons en commun. Nous n'avons aucun scrupule à prendre une mélodie algérienne arrangée côté balkan», explique Clément alias Clem, claviériste et programmateur de Watcha Clan.

 

«Pour Karine (Sista K), chanteuse née à Marseille et dont les origines sont juives, berbères et lithuaniennes (ses parents se sont connus en Israël), c'est une manière de retourner aux sources et d'exprimer ces identités. Dans cette même optique, Watcha Clan a voyagé en Grèce et en Europe de l'Est, pour en incorporer des rythmes et chants qui ont aussi des liens avec la Méditerranée», de poursuivre Clem, fier des origines diverses de Watcha Clan.

«Matt, le bassiste, est Corse, je suis moi-même originaire des Alpes maritimes, près de la frontière italienne. Nassim, l'autre chanteur et MC de Watcha Clan, a été recruté lors d'une résidence du groupe faite à Oran en 2006. Oran est une soeur de Marseille pour le brassage des cultures. Pour les Algériens, c'est la ville de la fête et du raï. Nous étions allés une première fois, nous nous étions dit qu'il fallait revenir y travailler plus longtemps.

«Dans le cadre d'un projet de résidence, nous avons alors travaillé avec Nassim et ses amis musiciens d'Oran. C'est précisément là qu'est né le projet Diaspora Hi-Fi. Après quoi nous avons travaillé avec des Berbères marocains d'Agadir, nous sommes aussi allés à Barcelone où nous avons incorporé des rythmes électroniques à notre musique, ce qui a finalement donné Diaspora Hi-Fi dans sa forme actuelle.»

Grosso modo, apprendra-t-on, le processus de création se déroule ainsi: Karine propose mélodies, textes et références, musicales, Clem crée l'enrobage électronique, travaille à la réalisation, pendant que Nassim propose ses idées souvent tirées de ses références algériennes.

Diaspora Hi-Fi est le dernier album studio de Watcha Clan, paru l'an dernier sur le label allemand Piranha. Cet album s'inscrit à la suite d'une série d'autoproductions: deux enregistrements studio, deux publics. Un album de remixes a été créé depuis.

Watcha Clan en est à sa troisième escale montréalaise. Clément se souvient avoir joué au Lion d'Or il y a trois ans dans le cadre de Pop Montréal, puis au Club Soda à l'occasion du Coup de coeur francophone, à l'automne 2007. Deux petits tours et puis s'en reviennent.

«Notre set, assure-t-il, est plus énergique que le contenu du dernier album studio. S'en dégagent des énergies rock et électro, beaucoup de basse, un son très puissant. Nous avons aussi des morceaux gnawas, d'autres arabo-andalous, des traditionnels en yiddish. Très différent de ce que vous avez vu de nous à Montréal. Plein de surprises!»

Clem promet une machine huilée au quart de tour. «En 2008, nous avons fait 80 dates dans une vingtaine de pays. Nous avons eu le temps de découvrir et de travailler notre set, de l'expérimenter avec des publics très différents. Là, nous avons un an de tournée dans le corps. Nous arrivons chez vous très en confiance.»

Watcha Clan se produit demain, 20h30, au Kola Note, dans le cadre du festival Nuits d'Afrique.