Au terme de la session parlementaire qui a pris fin hier à Québec, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, croit avoir mené à terme bon nombre de projets qu'elle avait dans ses cartons.

Si l'opposition admet que Mme St-Pierre a réalisé certaines initiatives, elle refuse toutefois de lui accorder une note parfaite en rappelant que l'engagement des libéraux concernant l'abolition de la taxe de vente (TVQ) sur les produits culturels québécois n'a toujours pas été mis de l'avant. Pour sa part, Christine St-Pierre persiste et signe: elle a «livré la marchandise». «Dans cette session-ci, on voit que les choses se sont matérialisées, se sont concrétisées», a-t-elle affirmé au cours d'une entrevue téléphonique accordée à La Presse, hier.

L'adoption d'une loi accordant le statut d'artiste aux artisans et aux techniciens qui travaillent sur les plateaux de cinéma, la bonification des crédits d'impôt pour favoriser la venue de tournages étrangers, le lancement de la construction de la nouvelle salle de l'Orchestre symphonique de Montréal, l'augmentation des budgets pour les tournées internationales et la remise d'une somme de 1 million de dollars pour venir en aide à l'Institut national de l'image et du son (INIS) sont autant de réalisations «qui ont fait progresser la culture», souligne la ministre.

Mme St-Pierre est toutefois consciente qu'il lui reste encore beaucoup de travail à faire. Au cours des prochains mois, elle souhaite notamment mettre sur pied un groupe de travail chargé d'entamer une réflexion sur la profession journalistique, alors qu'une crise frappe présentement le monde des médias. Elle souhaite s'attarder notamment sur le rôle de l'Internet, sur l'information régionale et sur la diversité des voix.

Pour sa part, l'opposition rappelle que plusieurs projets demeurent encore sur la glace. L'abolition de la taxe de vente (TVQ) sur les produits culturels québécois fait partie du lot. Si la ministre n'a pas balayé d'un revers de main ce projet annoncé lors de la dernière campagne électorale, elle a essuyé plusieurs critiques de la part du Parti québécois et de certains représentants du milieu culturel qui remettent en doute l'efficacité de cette initiative.

«Sur cette question, ils (les libéraux) n'ont pas bougé d'un iota, dénonce le porte-parole péquiste en matière de culture, Maka Kotto. C'est une mesure qu'ils n'ont pas évaluée avant de la proposer. Ils sont pris avec et je pense que c'est irréalisable.»

Puis, concernant la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), M. Kotto estime que la ministre a tardé avant d'agir. «À la SODEC, ça traînait depuis 2006, tous les problèmes soulevés par le vérificateur général.» Dans un rapport publié en mai, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, a qualifié les dépenses de l'ancien président directeur général de la SODEC, Jean-Guy Chaput, de somptuaires. M. Chaput a été démis de ses fonctions depuis.

Le rapatriement des pouvoirs en matière de culture représente une autre pomme de discorde entre péquistes et libéraux. Mme St-Pierre croit qu'il n'est pas souhaitable que Québec gère seul les dossiers culturels. Elle préfère signer des ententes avec Ottawa sur des dossiers spécifiques. Maka Kotto ne voit pas les choses du même oeil. «Si elle met un bémol sur le rapatriement des pouvoirs en culture, c'est un recul, croit-il. Ça annonce des débats intéressants pour la rentrée.»