La nostalgie, en 2009, est un plat qui se mange chaud. À qui le tour? Led Zepplin? The Eagles? Non: No Doubt avec à sa tête la dynamite blonde Gwen Stefani, groupe californien qui s'était arrêté de tourner il y a, oh, un gros, gros cinq ans - le dernier concert montréalais, lui, fut offert il y a presque neuf ans. Or, à l'évidence, pour les 9675 fans réunis mercredi soir au Centre Bell, ce fut une éternité.

 Très bel accueil qu'on a réservé au groupe à propos duquel, pour être honnête, on se demande s'il est véritablement question d'une réunion ou d'un simple retour au plan de match original, après l'interlude solo de Mme Stefani. Il s'agissait, en tout cas, d'un tour de réchauffement avant l'éventuelle tournée mondiale qui suivra la sortie d'un nouvel album.

Car nouvel album il y aura - Stefani et ses trois comparses y travaillent depuis plus d'un an et sa sortie est prévue pour 2010 -, mais rien de ces nouvelles compositions n'a filtré dans ce qui nous a été proposé mercredi soir dernier. Dommage.

Spectacle «meilleurs succès» donc pour No Doubt, au grand plaisir des fans, certains d'entre eux ayant sûrement profité de cette promotion inusitée: à l'achat, sur l'Internet, de certaines des meilleures places, le fan pouvait télécharger, en format MP3, la discographie entière du groupe!

Sur une scène élégante, mais sans artifices un assemblage de passerelles disposées autour du plateau du batteur Adrian Young, qui avait fière allure dans ses bobettes blanches avec sa coupe mohawk platine -, toute blanche pour mieux refléter les couleurs éclatantes du système d'éclairages, le quatuor, augmenté de deux musiciens (joueurs de trompette et de trombone, principalement), nous a fait revivre de bons souvenirs pop pendant 90 minutes.

La liste des chansons offertes couvrait la courte mais fulgurante carrière du groupe, quatre disques parus entre 1992 et 2001, avec un fort préjugé pour les titres de Tragic Kingdom (1995), l'album millionnaire. Ouverture avec Spiderwebs, et dès la suivante Hella Good, tout le parterre faisait la danse du pogo, sautillant sur le rythme ska-punk, bras dans les airs. Par contre, le groupe a semblé avoir eu un peu de mal à maintenir l'excitation durant tout le concert qui, compte tenu du type de répertoire du groupe, aurait dû épuiser son public.

Excuse Me Mr. et Ex-Girlfriend, qui ont suivi, ont été accueillies par le même «ah!», interjection généralement associée à un heureux souvenir déterré. Ce n'est toutefois qu'aux deux-tiers du concert, après que le groupe se soit fendu d'une entraînante reprise du Guns of Navarone des légendaires Skatalites, que le concert a vraiment levé, avec New, l'une des meilleures performances de la soirée, Hey Baby et, plus tard, les canons Don't Speak, Just a Girl, puis Rock Steady et Sunday Morning au rappel.

La médaille de dévouement du spectacle revient tout naturellement à Gwen Stefani, une véritable bête de scène. Magnétique, sexy et engageante, Stefani sait garder ses fans au creux de sa main (ou de son nombril, tiens, qui lui sert autant de marque de commerce que sa tignasse blonde). Et la médaille d'argent va au bassiste Tony, un autre boute-en-train qui a relancé sans arrêt la chanteuse pendant toute cette soirée hautement divertissante.