Les révélations concernant les dépenses du président-directeur général de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), Jean-Guy Chaput, suscitent malaise et indignation dans le milieu des arts. Si certains craignent que la réputation de la SODEC soit entachée, les représentants d'artistes réitèrent néanmoins leur pleine confiance envers cet organisme d'aide à la culture.

Comptant parmi les premières à avoir réagi, l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) a vivement dénoncé «les dépenses outrancières» du PDG de la SODEC, Jean-Guy Chaput ainsi que «les frais astronomiques de restauration du bureau de Paris».

«La SODEC, ce n'est pas une grosse banque qui donne des bonis à ses directeurs généraux, lance sans détour le président de l'ARRQ, Jean-Pierre Lefebvre, qui admet du même souffle que les révélations faites ne l'ont pas surpris outre mesure. Il y avait anguille sous roche. Tout le milieu le savait. Le gouvernement le savait. Il fallait une intervention politique.»

Dans un rapport publié la semaine dernière, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, a qualifié les dépenses de M. Chaput de somptueuses. L'an dernier, l'État aurait déboursé 48 000 $ pour les billets d'avion, chambres d'hôtel et autres frais de représentation du PDG. À la lumière de ces informations, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a demandé la démission du président, mais le principal intéressé a décidé de rester en poste.

«Ça va être difficile pour lui de gouverner dans ces circonstances-là, poursuit le président de l'ARRQ. Ce n'est sûrement pas un mandat qui va se terminer dans l'harmonie.»

Crédibilité en jeu

Pour sa part, la présidente de la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC), Sylvie Lussier, souhaite que la crédibilité de la SODEC ne soit pas éclaboussée par les récents événements. «Le danger, ça serait une perte de crédibilité (de l'organisme) ou encore que le gouvernement décide de couper dans ses budgets pour cause de mauvaise gestion. Ça serait dommage qu'on remette la SODEC en cause.»

Du côté des producteurs, il existe apparemment un profond malaise à commenter toute cette histoire. Certains d'entre eux craignent que ces révélations nuisent à l'image des producteurs qui sont parfois perçus - à tort, précise-t-on - comme étant des gens qui reçoivent des subventions à la pelle.

D'ailleurs, l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ) n'a pas l'intention de faire des commentaires. «Nous ne sommes pas en mesure d'analyser les rapports qui sont sur la table», s'est contentée de répondre la porte-parole Céline Pelletier.

Pour sa part, André Dupuy, producteur chez Pixcom (Destinées, Ça manque à ma culture), affirme que la SODEC «sert bien le milieu». «Ma confiance (envers l'organisme) est assez solide», assure-t-il.

Même son de cloche du côté du président de l'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec qui refuse visiblement de casser du sucre sur le dos de la Société de développement. «Nous dépendons de la SODEC, souligne Jean-Pierre Lefebvre. C'est notre premier port d'attache.»

Par ailleurs, le sort du PDG de la SODEC sera scellé demain matin. Le conseil d'administration de l'organisme décidera alors si M. Chaput doit se retirer ou s'il peut rester en poste jusqu'à la fin de son mandat, en octobre. Difficile de prédire le dénouement de l'histoire puisque les membres du CA sont semble-t-il déchirés sur la question.

Jean-Guy Chaput s'est pour sa part défendu bec et ongles mardi lors d'une conférence de presse où il a tenu à rétablir sa crédibilité. Le PDG envisage même de poursuivre le gouvernement du Québec s'il est congédié.