Entente ou pas avec Radio-Canada, le Commissariat aux langues officielles (CLO) traitera désormais les plaintes concernant la télévision publique. C'est ce qu'a confirmé à La Presse le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser.

Au cours des derniers mois, les deux parties ont discuté d'«un protocole d'entente au sujet d'une procédure d'enquête sur les plaintes», mais rien n'a été conclu. Devant le temps qui file, le CLO compte aller de l'avant coûte que coûte. «À un moment donné, il faut dire: on va procéder. On a des responsabilités», tranche Graham Fraser.

Radio-Canada a déjà soutenu dans le passé que seul le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) peut intervenir sur sa programmation. De son côté, le CLO fait valoir que la société d'État est aussi assujettie à la Loi sur les langues officielles.

Hier, le porte-parole de CBC/Radio-Canada Angus McKinnon n'a pas voulu commenter la sortie de M. Fraser. Il s'est dit surpris: «On travaille ensemble et ça va bien.» Mais M. McKinnon a insisté sur un point: «On prend nos responsabilités en matière de langues officielles sérieusement.»

Les deux parties ne partagent pas la même définition de ce qu'est la «programmation», explique Graham Fraser. «Comme ancien journaliste, je ne veux pas m'immiscer dans la salle de nouvelles, précise le commissaire aux langues officielles. Mais Radio-Canada a des obligations vis-à-vis des communautés minoritaires.»

«J'ai visité des communautés francophones dans l'Ouest, où l'importance de Radio-Canada est capitale», souligne M. Fraser.

Même si «la ligne est parfois difficile à tracer», le commissaire veut pouvoir examiner «le traitement des langues officielles sur les ondes de Radio-Canada.» À l'heure actuelle, 12 plaintes concernant CBC/Radio-Canada sont en attente de traitement au CLO, la plupart émanant de Canadiens des autres provinces. Certaines datent de 2006.

«Ça ne veut pas dire que les plaintes sont fondées. Mais que tout cela soit en suspens... nous avons une obligation envers les plaignants de faire enquête», plaide Graham Fraser.

En entrevue, Graham Fraser n'a pas voulu «entrer dans le détail des plaintes», hier. Mais rappelons «l'affaire Claude Dubois», qui a eu des échos jusqu'à la Chambre des communes, au printemps dernier. CBC avait diffusé à la télé une version écourtée du gala du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens, dans laquelle les interventions des artistes francophones avaient été coupées, dont l'hommage à Claude Dubois.