Sans tambour, ni trompette, le directeur à la création de la Biennale de Montréal, le Britannique Scott Burnham, a quitté le navire en décembre dernier. Mais le capitaine de l'événement montréalais depuis ses débuts, Claude Gosselin, a vite repris les choses en mains.

«J'ai reconduit certains projets qu'il avait sélectionnés, dit-il, et j'en ai mis d'autres sur la glace, parce qu'ils étaient trop coûteux. Ça porte sur la culture libre, mais Montréal, qui est une ville branchée, n'était pas assez représentée dans la Biennale. J'ai réorienté les choses sur Montréal. Il va y avoir une animation assez féroce à l'école Bourget.»

Lors de sa nomination en mai 2008, Scott Burnham, surtout connu en Europe, disait vouloir renouveler le genre de la Biennale en utilisant notamment le web. La Biennale 2009 allait devenir «une célébration de la créativité libre et du dialogue», disait-il en mettant au point un programme qui s'est avéré trop ambitieux pour Montréal.

«Le projet qu'il avait monté était trop gros pour notre organisme, explique M. Gosselin. Il n'y avait pas assez d'argent et de personnel. Finalement, en décembre, on s'est dit d'un commun accord que ça ne pouvait pas continuer.» Les organisateurs se sont donc branchés sur la réalité montréalaise de la culture libre en collaborant, entre autres, avec l'UQAM et l'Université Concordia.

«Une biennale n'est pas faite, pas plus qu'un festival d'ailleurs, pour favoriser le dumping culturel, note-t-il. Il faut diffuser ce qui se passe ici. Même quand je faisais les Cent jours d'art contemporain, ma devise était d'avoir la moitié d'artistes canadiens et la moitié d'étrangers.»

Dans le cas de Scott Burnham, il semble que la très grande majorité des artistes provenaient de l'extérieur du pays. La Biennale regroupera tout de même 85 artistes d'ici et d'ailleurs.

«Dans le contexte actuel du financement de la culture, nous devions être prudents, rappelle M. Gosselin. On ne pouvait tout simplement pas payer des billets d'avion à tout ce monde.»

La programmation sera annoncée d'ici quelques semaines. L'événement s'étendra sur plusieurs sites à Montréal, comme en 2007. Mais sa particularité, cette année, sera de faire valoir des oeuvres créées en commun par plusieurs artistes - en art visuel, musique ou cinéma - qui utilisent le web comme outil de travail.

«Je reconnais à Scott Burnham de m'avoir ouvert une porte sur un champ d'activité que je ne connaissais pas. Le mouvement Fluxus et les dadaïstes ont beaucoup travaillé en commun auparavant, mais avec les nouvelles technologies, c'est une façon de créer qui s'est répandue beaucoup plus vite.»