Les rapports et analyses justifiant les compressions fédérales de l'été dernier dans le financement de la culture ne seront pas rendus publics, puisqu'ils sont considérés comme des délibérations du cabinet et donc classés comme secrets.

C'est du moins ce qu'a soutenu lundi la sous-ministre de Patrimoine canadien, Judith Larocque, devant un comité parlementaire, à Ottawa.

Mme Larocque a expliqué que toutes les dépenses du ministère avaient fait l'objet d'une évaluation dans le cadre d'un exercice de revue stratégique visant à identifier les programmes désuets ou moins efficaces. Dans certains cas, il y a eu des analyses formelles, dans d'autres «le gros bon sens» a prévalu, a-t-elle expliqué.

Les conclusions des fonctionnaires ont ensuite été transmises au gouvernement, qui a tranché derrière des portes closes, comme cela se fait habituellement.

«Toutes nos recommandations sont allées au cabinet et ce sont des décisions du cabinet, alors les documents comme tels sont considérés comme des documents du cabinet et ce n'est pas permis pour nous de les distribuer», a-t-elle souligné.

Ceux qui désirent comprendre ce qui a poussé les conservateurs à couper les vivres à des programmes comme Routes commerciales et Prom'Art, qui venaient en aide aux artistes en tournée, devront donc se fier à la parole du ministre du Patrimoine, James Moore. «Nous ne voulons pas que des documents du cabinet soient rendus publics. Il y a des règles là-dessus», a-t-il insisté.

Ce dernier s'est cependant dit prêt à justifier verbalement toutes les décisions de son ministère. «Il y a eu 13 ou 14 changements d'investissement et je suis prêt à parler de chacun de ces 14 devant le comité, a-t-il déclaré. Ce sont 45 millions $ réinvestis dans les arts et la culture de manière plus efficace pour prendre soin des besoins des artistes.»

Pour prouver sa bonne volonté, il a donné quelques exemples dont celui du site internet www.culture.ca «que personne n'allait voir» et qui coûtait 1,98 $ par clic aux contribuables. Il est aussi revenu sur le programme de Routes commerciales, qui coûtait plus de deux fois plus cher en frais d'administration que ce qu'il rapportait aux artistes.

M. Moore répète qu'il demeure à l'écoute des artistes et qu'il fera des annonces au cours des prochains mois, mais il a prévenu à plusieurs reprises qu'il n'était pas question de remplacer les programmes démantelés.

Mme Larocque et M. Moore témoignaient devant le comité permanent du Patrimoine, qui a repris ses activités la semaine dernière après un hiatus de plusieurs mois.

Leurs propos ont beaucoup déçu le PDG de la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS), Alain Paré. «Ce que je réalise, c'est que M. Moore ne connaît pas bien ses dossiers. Je ne sais pas qui le guide ou l'influence dans son cabinet, mais on voit réellement qu'il ne comprend pas bien l'importance ou les impacts de certaines coupures», a-t-il déclaré.

Les compressions en culture n'ont pas fini de faire couler de l'encre puisque les membres du comité du patrimoine ont l'intention d'entendre au cours des prochaines semaines plusieurs représentants du milieu de la culture frappés de plein fouet par les décisions des conservateurs.

Le comité entend en outre se pencher sur la modernisation de la loi sur le droit d'auteur ainsi que sur l'avenir de la télévision et du cinéma au pays.