Après 31 ans à la tête du Metropolitan Museum of Arts de New York, Philippe de Montebello, 72 ans, s'apprête à laisser sa place à l'un de ses conservateurs, Thomas Campbell, 46 ans pour diriger l'un des plus grands musées du monde.

M. Campbell, au Metropolitan depuis 13 ans, a été élu mardi directeur du musée par le conseil d'administration, après huit mois de recherche et plus de 60 candidats interviewés. Il prendra ses fonctions le 1er janvier 2009.

Chercheur comme six de ses huit prédécesseurs - une quasi-tradition depuis la fondation du musée en 1870 - il était conservateur du département des sculptures européennes et arts décoratifs depuis 2003.

Spécialiste des tapisseries, et organisateur d'une exposition très populaire en 2002 sur les tapisseries de la Renaissance, M. Campbell a confié qu'il vivait «un rêve devenu réalité» lors d'une conférence de presse mercredi.

«Un chercheur, un historien de l'art, avec un pied dans la révolution de la communication... voilà où le «Met» souhaite mettre l'accent», a détaillé James Houghton, le président du conseil d'administration, insistant sur le choix d'un expert de l'art plutôt qu'un gestionnaire.

«Avec les nouvelles technologies, nous pouvons aller vers de nouveaux publics», en proposant des outils pour «préparer les visites» ou atteindre «de nouveaux niveaux d'information sans transformer les galeries en étalages excessivement didactiques», a déclaré M. Campbell.

D'une prudence diplomatique, le nouveau directeur a refusé de prendre position sur le renouvellement qu'il entendait apporter au musée.

«Je ne crois pas au changement pour le changement», a-t-il expliqué. «Les trois prochains mois et demi seront une phase d'écoute intense».

Alors que M. de Montebello a été critiqué pour sa ferveur tardive envers l'art contemporain, son remplaçant a seulement affirmé que cela «fait partie des missions du musée».

Quant au «sujet chaud» des partenariats commerciaux entre musées, comme entre le Louvre et Abou Dhabi, M. Campbell a affirmé qu'il étudiait «tout un éventail de possibilités», sans contredire M. de Montebello, rétif aux échanges payants d'oeuvres d'art.

Questionné sur son inexpérience de gestionnaire, M. Campbell a comparé la direction d'un grand musée au mode de gouvernement des dirigeants du Moyen-Âge, de la Renaissance et du Baroque, tel qu'ils le dépeignaient dans les tapisseries.

«Il y a un thème constant, c'est qu'un bon dirigeant s'appuie sur de bons conseils. Même Henri VIII écoutait ses conseillers... avant de leur couper la tête,» a-t-il expliqué en riant.

Né à Cambridge (Angleterre), M. Campbell a étudié la littérature anglaise à l'Université d'Oxford, avant un diplôme en arts décoratifs de la maison d'enchères Christie's, en 1985.

En 1987, il obtient un master à l'Institut d'Art de Courtauld (Angleterre), où il s'intéresse au rôle des tapisseries européennes comme moyen de propagande. Il crée ensuite la plus grande base de données du monde sur les tapisseries, à Londres.

M. de Montebello affirme n'être «pas du tout à la retraite» et «très occupé» pour les prochaines années. Il enseignera la culture et l'histoire des musées à l'Institut des Beaux-Arts de New York à compter de janvier, et dans une institution «en Europe», a-t-il expliqué à l'AFP.

Il avait annoncé en janvier dernier qu'il souhaitait se retirer du poste de directeur du Metropolitan, qu'il occupe depuis 1977.

Avec plus de deux millions d'oeuvres réparties dans 17 départements, couvrant 5.000 ans d'humanité, le musée a attiré 4,6 millions de visiteurs en 2007. Les 200 millions de dollars de son budget proviennent uniquement de fonds privés.