À quoi ressemble une rentrée littéraire en période d'élections aux États-Unis? Eh bien! ça ressemble à la section internationale des grands quotidiens: beaucoup d'Obama et de McCain, de l'analyse politique, du réchauffement climatique. Et quelques poids lourds, qui promettent de filer tout droit vers le sommet des listes de best-sellers.

Côté littérature, de grands noms prendront part à la rentrée 2008. Le prolifique Philip Roth publiera Indignation, roman dont l'histoire se déroule dans un collège du Midwest durant les années 50. Le plus récent livre de John Updike, The Widow of Easkwick, arrivera quant à lui dans les librairies en même temps que Fine Just the Way It Is, collection d'histoires signée par Annie Proulx, lauréate d'un prix Pulitzer. Marilynne Robinson, l'une des auteures favorites de Barack Obama, publiera son plus récent livre, Home. Il s'agit de la suite de Gilead, qui lui a valu un prix Pulitzer en 2005.

Du côté des livres d'actualités, c'est le legs de George W. Bush qui occupera l'avant-scène. La déferlante médiatique devrait se mettre en branle demain pour la sortie du quatrième et dernier tome du journaliste Bob Woodward sur l'administration Bush.

Comme ce fut le cas avec les trois tomes précédents, le livre de Woodward, The War Within: A Secret White House History 2006-2008, fait l'objet de beaucoup de spéculations. L'auteur sera-t-il critique envers Bush ou prendra-t-il plutôt le pari de réhabiliter un président détesté par (presque) tous les électeurs?

Pour s'expliquer, l'auteur passera la semaine à courir de studio en studio. Woodward sera impossible à éviter. Jusqu'à ce que le sujet s'épuise. Ou qu'un candidat présidentiel fasse une gaffe.

Autre arrivée remarquée dans les librairies: le troisième livre de Barack Obama, Change We Can Believe In. Il s'agit d'un recueil de ses meilleurs discours et des politiques qu'il compte mettre en place s'il est élu. Ce troisième ouvrage risque d'accaparer beaucoup de temps d'antenne - et d'être taillé en pièces par John McCain une nanoseconde après son lancement.

Un guide électoral signé Michael Moore

D'ici aux élections américaines, une série de livres seront immanquablement publiés sur Obama et McCain. Il s'agira pour la plupart de bouquins écrits en vitesse par des auteurs peu connus payés pour faire «une job de bras» contre un candidat. Difficile de juger de leur valeur. Une page couverture avec la photo d'un candidat affublée d'un titre arrogant et/ou cynique devrait soulever des doutes...

Parlant de politique, le documentariste provocateur Michael Moore n'allait pas laisser passer l'occasion de mettre son grain de sel dans la campagne électorale. Cet automne, il publie Mike's Election Guide 2008, son premier livre depuis Dude, Where's My Country?, son best-seller paru en 2004.

Dans ce «guide électoral», Moore répond aux questions que lui ont envoyées les lecteurs de son blogue et donne des conseils pour démolir les arguments des républicains. De toute évidence, Moore a peur de voir les démocrates se planter durant la campagne, comme en témoigne le sous-titre de son livre: «Combien de démocrates faut-il pour perdre l'élection la plus facilement acquise de l'histoire des États-Unis?»

Autre livre d'analyse qui risque de faire du bruit: Hot, Flat and Crowded, de Thomas Friedman. Auteur, conférencier et chroniqueur au New York Times, Friedman s'est imposé comme le grand gourou de la mondialisation avec son livre à succès The World Is Flat.

En 2002-2003, Friedman a été l'un des rares commentateurs progressistes à militer en faveur de la guerre en Irak. Depuis, il s'est intéressé aux changements climatiques et à la question de l'énergie renouvelable. Il en appelle aujourd'hui à une «révolution verte nécessaire pour sauver la planète et rétablir la compétitivité américaine sur le plan international». Espérons que son nouveau cheval de bataille connaisse plus de succès que l'ancien.