Holy Fuck sera en concert au Métropolis le 17 septembre, quelques semaines seulement après les coupes des conservateurs en culture, auxquelles le groupe torontois s'est retrouvé mêlé bien malgré lui. Entretien avec son fondateur, Graham Walsh.

«Holy Fuck!» C'est la réaction que déclenchait la musique de Graham Walsh lors de ses premiers concerts dans les boîtes de Toronto. C'est la seule raison - mais c'est peut-être aussi parce qu'il manquait d'inspiration - pour laquelle il a ainsi nommé son groupe.

«Holy guacamole!» C'est la réaction que certains conservateurs ont peut-être eue en apprenant qu'un groupe au nom si vulgaire recevait 3000$ des contribuables pour les représenter à l'étranger.

En août, une source conservatrice citait Holy Fuck comme un exemple du genre d'artistes qu'on ne devrait pas promouvoir à même le programme de subvention PromArt. Et aussi comme justification pour abolir le programme.

Graham Walsh s'est retrouvé bien malgré lui au coeur de la controverse. "J'étais en tournée en Europe quand des amis m'ont envoyé l'article de journal en question. C'était bizarre et choquant", raconte-t-il au téléphone depuis Toronto, où il se repose quelques jours avant de repartir en tournée.

Plus il s'informait et parlait à ses amis au Canada, plus il avait la certitude d'avoir servi de «bouc émissaire». «Les conservateurs ont annulé le programme parce que des artistes comme nous représentaient mal le Canada? Je n'y crois pas. Selon moi, ils voulaient tout simplement abolir les subventions aux arts. Nous étions un prétexte. De toute façon, si nous étions le problème, ils n'avaient qu'à nous couper les fonds. Pas à supprimer tout le programme», avance-t-il avec son débit nonchalant et sa voix très douce, presque gênée.

Hormis son nom vulgaire, on imagine d'ailleurs mal en quoi Holy Fuck pourrait offenser. Sûrement pas avec sa musique sympathique et assez accessible, à cheval entre l'électronique et le rock dansant. Sûrement pas non plus par son message - ses pièces sont instrumentales. Les Torontois risquent peu de corrompre la jeunesse, à part peut-être de l'inciter à mal raser son début de barbe.

L'Angleterre apprécie

L'année dernière, Holy Fuck a reçu environ 3000$ du bientôt défunt programme PromArt. L'argent a servi à donner des concerts en France.

«Les gens me demandent souvent où nous serions sans les subventions. Honnêtement, je refuse de dire que nos trucs ne fonctionneraient pas. On travaille fort depuis longtemps, tu sais. On dépense pas mal d'argent pour notre musique.»

Le fondateur du quatuor admet toutefois que «même s'il s'agissait de peu d'argent, cela aidait beaucoup». Pour faire connaître le groupe en Europe, notamment. Holy Fuck a multiplié les concerts ces dernières années dans des festivals européens importants, comme celui de Glastonbury en Angleterre.

La stratégie a fonctionné. Le magazine NME a classé leur concert à Glastonbury en 2007 comme l'un «des trois meilleurs» du festival. Cette année, Holy Fuck y retournait sur la scène principale. Autre exemple du succès d'estime: animateur invité à la radio de BBC cet été, Thom Yorke de Radiohead a fait jouer leur pièce Lovely Allen.

Moins bordélique

Avec le temps, les concerts de Holy Fuck deviennent moins bordéliques.

«À nos débuts, on montait sur scène avec seulement quelques thèmes musicaux préparés, se souvient Graham Walsh. C'est tout ce qu'on savait. Puis, on jouait et on improvisait. L'ambiance devenait assez chaotique. Ça risquait de s'écrouler à tout moment. Avec le temps, nous avons appris à jouer ensemble. On prévoit aussi un peu plus à l'avance les chansons qu'on jouera. Mais on conserve quand même l'énergie nerveuse. Il faut garder ça intéressant, ne pas se répéter. Vous verrez.»

Holy Fuck, en concert le 17 septembre au Métropolis, en première partie de Bloc Party.