Oh. Mon. Dieu. Brad Pitt et Jennifer Aniston, en froid sibérien depuis leur douloureuse rupture, se croiseront-ils ce week-end dans les couloirs feutrés du rustique hôtel Sutton Place, point de chute de toutes les stars qui étincellent et clignotent au Festival des films de Toronto?

Chose certaine, les deux ex-tourtereaux ont déposé leurs malles griffées dans la Ville reine pour leur énième ronde de promotion. Lui, pour le délicieux et délirant film des frères Coen (Burn After Reading). Elle, pour une bluette sentimentale - quoi d'autre? - intitulée Management.

Sollicitera-t-on les talents d'ambassadrice de l'ONU d'Angelina Jolie pour rapprocher ces deux nations déchirées par de dures années de tromperies, de trahisons, et de querelles? Ce n'est pas l'Ossétie-du-Sud, mais pas loin.

Voyez, c'est ce qui manque cruellement au FFM: un buzz médiatique qui vrombit en permanence, des films hyper attendus et des vedettes, une pléthore de vedettes, qui tapissent autant les feuilles de chou (Angelina redoute la rencontre Pitt-Aniston, selon le sérieux In Touch), que les publications de cinéma dites sérieuses (Anne Hathaway raflera-t-elle un précieux Oscar pour son rôle de junkie dans Rachel Getting Married? demande Variety.)

Ici, au coin de la chic intersection Bloor et Yonge, c'est un épisode de Gossip Girl qui se tourne en direct, avec des armées de relationnistes débarqués de Hollywood qui pianotent sans cesse sur leur BlackBerry/iPhone et qui se la jouent «importance haute», si vous voyez ce que je veux dire. Sans oublier les paparazzis, les chasseurs d'autographes et les journalistes au teint cireux et aux regards dénués d'expression. Cause: trop de visionnements dans des salles obscures. Heureusement que Starbucks commandite le Festival.

Pendant les prochains jours, place aux perséides, qui brilleront dans les hôtels les plus luxueux de Toronto: Queen Latifah, Alicia Keys, Brad Pitt, Colin Farrell, Charlize Theron, Viggo Mortensen, Frances McDormand, Tilda Swinton, Ed Harris, Rachel Weisz, P. Diddy, Benicio Del Toro, Julianne Moore, Rachel McAdams, Ed Harris, Matt Damon, et j'en passe, la liste s'allonge de jour en jour.

Jeudi matin, une première pluie d'étoiles a arrosé l'ultra chic hôtel Fairmount Royal York avec l'entrée en scène de Guy Ritchie, alias le mari de Madonna, venu présenter RocknRolla, un film étiqueté «sex, thugs and rock'n'roll». Bref, des brutes, du pow-pow et des pintes d'hémoglobine sur fond de musique agressante.

Pauvre Guy Ritchie. Il n'en menait pas large dans son polo noir serré et son débardeur mauve. Les rumeurs bourdonnant sur son divorce imminent plomberaient-elles son moral? Ne croyez pas tout ce que vous régurgitent les tabloïds, a-t-il soufflé. Non, Madonna ne l'escorte pas dans son périple au Canada. Pas de traces de Rocco, de David ou de Lourdes - les trois enfants du couple royal - non plus.

Et RocknRolla? Sa sortie en Angleterre hier a été passée à la tronçonneuse. Un carnage total. Le film, moins mauvais que Swept Away, quand même, met en vedette Gerard Butler (300), la craquante Thandie Newton, le rappeur Ludacris et Jeremy Piven, qui incarne le redoutable Ari Gold dans la série télé Entourage.

En entrevue, Guy Ritchie, 39 ans, parlait peu et fixait souvent ses cuisses. Malaise. Pour dissiper la tension, je lui ai demandé s'il aimerait réaliser d'autres vidéoclips comme What It Feels Like For A Girl de sa célèbre épouse. «Non. Je déteste tourner des clips», a-t-il répondu sans ciller. Re-malaise. Prochaine question: le phénomène des ro-ckeurs qui fument du crack tels Amy Winehouse et Pete Doherty - c'est la toile de fond de son film - est-il typiquement britannique? «Je trouve que Britney Spears ne donne pas sa place dans ce domaine», a-t-il répliqué du tac au tac (et sans rire, évidemment). Oups.

Contrairement au FFM, qui nous gaze constamment avec ses films iraniens, les paillettes continueront de miroiter toute la semaine à Toronto. De mon côté, je glisse toujours un briquet dans la poche de mon jean. Qui, pensez-vous, allumera les clopes de toutes ces stars quand elles quitteront leurs appartements privés pour en griller une dehors? Truc de pro!