À l'époque de Moi et l'autre, les bien pensants se scandalisaient qu'une telle comédie prenne l'antenne de Radio-Canada. Pourtant, la série a marqué l'histoire de la télévision et propulsé ses deux vedettes au sommet de la célébrité.

Je doute fort que Roxy en fasse autant pour Cathy Gauthier, figure déjà très connue du grand public. Dans cette comédie, qui commence mardi, 21h, à Radio-Canada, l'humoriste prend le chapeau de comédienne pour incarner une fille de la campagne, Roxy, venue s'installer à Montréal. Un exercice d'adaptation aussi douloureux que burlesque.

La prémisse est intéressante: mettre ensemble toutes les idées reçues et le mépris qu'éprouvent les citadins à l'endroit des ruraux. Pour une fois que c'est le monde de la ville qui passe pour les épais.

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Hélas, on ne rit pas souvent en regardant Roxy, une comédie créée pour faire rire. Les textes de Jean-François Léger, qui écrivait pourtant l'excellente Catherine, et de Jean Pelletier, manquent nettement de subtilité. Comme si on misait uniquement sur la renommée de l'héroïne, et qu'on croyait que tout ce qui sort de sa bouche suscitera nécessairement le rire.

Autour du rôle-titre ressort un personnage vraiment intéressant, celui de sa mère, incarnée par Louison Danis, et qu'on voit chez elle à la campagne, téléphonant constamment à sa fille. Persuadée qu'un meurtre par minute se produit dans la grande ville, Paulette se meurt d'inquiétude et tient rancune à sa fille de lui avoir préféré Montréal.

Pour le reste, on s'étonne du peu d'intérêt des personnages secondaires, sauf peut-être celui de Diane Lavallée, Johanne, propriétaire du resto bar où travaille Roxy comme serveuse, et issue de la campagne comme elle. Les autres relèvent tous un peu de la caricature, autant la coloc de Roxy (Marilyse Bourke), dépressive à l'excès, que le cuisinier d'origine arabe (Bruno Marcil), timide et bêta, qui a un faible pour Roxy. Sont aussi improbables le conjoint de Johanne, Mike (Gary Boudreault), rustre et aussi subtil que sa machine à «peanuts», ainsi que le barman, Hugo (Patrice Bélanger), le baveux de l'émission.

Roxy mise souvent sur un genre méprisé à tort, le burlesque, mais qui manque ici d'efficacité. Dans le deuxième épisode, on verra l'héroïne échapper un flacon d'antidépresseurs dans le bol de céréales de sa coloc, qui cassera la baraque lors d'une soirée de karaoké. Tellement prévisible.

Intimement liée à la personnalité de Cathy Gauthier, Roxy a été créée sur mesure pour elle. Même que l'humoriste a elle-même imaginé les personnages. À propos du langage très familier de Cathy Gauthier à l'écran, la directrice générale de Radio-Canada, Louise Lantagne, réplique que ce n'est pas vulgaire, et que c'est son accent. N'empêche, sa diction jure nettement avec celle de ses collègues, des comédiens de formation.

Vingt-deux épisodes sont prévus. Chaque épisode est tourné en une journée, un temps record, pour 150 000 $ l'heure. Les producteurs chez Avanti ont opté pour un tournage en studio et à l'extérieur, plutôt que devant public. La réalisation a été confiée à Stéphane Lapointe, génial pour Tout sur moi, mais sans surprises pour Roxy.