Artistes et élus ont été unanimes à dénoncer les coupes effectuées récemment par le gouvernement Harper dans le financement des programmes de soutien à la culture lors de la manifestation organisée par le Mouvement pour les arts et les lettres du Québec (MAL), à place Royale, hier.

Dans la foule réunissant au moins 500 participants sous un soleil de plomb, on pouvait compter aussi bien des acrobates, des clowns, des musiciens, des danseurs et des gens de théâtre que des acteurs de la scène politique de Québec et d'Ottawa.

La ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, Christine St-Pierre, est sortie exprès de la réunion du Conseil des ministres afin de «montrer l'importance que la culture revêt au Québec». «Le gouvernement fédéral doit revoir ses décisions», a-t-elle insisté.

Pierre Curzi, porte-parole du Parti québécois en matière de culture, a dit souhaiter que ces compressions «complètement illogiques et politiquement suicidaires» fassent perdre des voix au gouvernement Harper. «Au Québec, la culture est une des grandes forces, a-t-il rappelé. Dans le fond, il ne faut pas demander au fédéral d'investir, il faut rapatrier ces sommes-là et les gérer nous-mêmes.»

Alors que des élus du Bloc québécois et du Parti libéral du Canada étaient présents, l'Action démocratique du Québec, qui forme pourtant l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, n'avait pas dépêché de représentant.

Les députés conservateurs de la région de Québec brillaient quant à eux par leur absence. Avec le premier ministre Stephen Harper, ils ont été la cible préférée des orateurs qui se sont succédé pendant près d'une heure sur le parvis de l'église Notre-Dame-des-Victoires. Josée Verner, ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine, aura sans doute été la plus généreusement huée par les manifestants.

Ce rassemblement organisé selon le porte-parole du MAL, l'écrivain Stanley Péan, pour «ramener la culture au coeur du débat», n'a été le théâtre d'aucun propos incontrôlé.

Retenu à New York pour préparer ses débuts prochains au Metropolitan Opera, le metteur en scène Robert Lepage a tenu à ajouter sa voix au concert de protestations. Dans une lettre lue par le comédien Jack Robitaille, il est venu rappeler la «légitimité fragile» du gouvernement minoritaire de Stephen Harper et condamner ce qu'il qualifie de «chasse morale et idéologique».

À la suite des allocutions, les participants ont défilé bruyamment jusqu'aux bureaux de Patrimoine canadien situés en haut de la côte de la Montagne, là où la manifestation s'est conclue sans incident et dans une atmosphère plutôt bon enfant.