Il a huit ans, a joué devant quelque 5 000 personnes dimanche au Vieux-Port en première partie de Sylvain Cossette, mais tout ça est loin de l'impressionner. Olivier Mallette est trop concentré à frapper sur sa batterie pour se soucier de la gloire.

"Je regarde mes cymbales, je ne suis pas gêné!" lance Olivier, pour expliquer qu'il ne ressente pas plus de stress à jouer devant une foule que seul dans le sous-sol de la maison familiale de Saint-Honoré.

Lorsqu'il est derrière sa batterie, à écouter les chansons de Green Day ou Bon Jovi pour jouer en synchronie, Olivier n'est plus avec nous. La concentration est au maximum. Pas étonnant qu'il manie aussi bien les baguettes à un si jeune âge.

C'est son père Jacques, lui-même batteur et issu d'une famille de 14 musiciens, qui l'a initié aux percussions. Olivier avait quatre ans. Un an plus tard, il commençait à suivre des leçons avec Sylvie Lapointe, à l'École de musique de Chicoutimi. "Elle est très patiente", dit sa mère Kim. Parce qu'Olivier ne tient pas en place.

S'il ne tape pas sur sa batterie, c'est qu'il est en train de pratiquer un sport. L'hiver, c'est le patinage de vitesse. À sa première année sur patins à longues lames, il a remporté le trophée du meilleur patineur régional des Comètes de Chicoutimi. Et l'été, c'est le soccer,

Pour lui donner de l'expérience en spectacle, son père Jacques a décidé d'approcher cette année Chantal Boivin des Productions Robert Hakim. "Ils ont tous la même réaction (de doute) avec un garçon de huit ans. Alors je lui ai envoyé un DVD".

Impressionnée, Mme Boivin a fait jouer Olivier au Salon jeunesse. Maintenant, il est fort possible qu'il se produise au Festival international des rythmes du monde, qui débute dans trois semaines. Mais cette célébrité qui grandit de plus en plus rapidement est loin d'émouvoir Olivier.

Anecdote évocatrice: lors d'un concert à la salle Le Ménestrel, plusieurs curieux s'étaient déplacés pour venir voir le petit prodigue de la batterie. "Après ses trois chansons, les gens applaudissaient pour qu'il fasse un solo", raconte son père Jacques. "Lui, il s'est levé, et il a dit "non", puis il a quitté la scène. Il avait fait ses trois chansons".

Si les parents étaient un peu mal à l'aise que leur fils laisse en plan ses fans, ils se réjouissaient d'un autre côté de voir qu'il garde la tête froide. "Il ne joue pas à la vedette. Et je ne veux pas qu'il s'enfle la tête", dit sa mère Kim.

Outre une restriction sur l'utilisation de l'internet et des jeux vidéo, ses parents ont toujours voulu lui laisser la liberté des choix. Pas question d'en faire un virtuose de la batterie par acharnement. "Je ne voulais pas qu'il ait un cadre rigide et qu'on le pousse à faire seulement ça," explique Jacques Mallette. "Et la journée qu'il me dira qu'il n'aime plus ça, on respectera ça".

Olivier ne pense même pas à une carrière à long terme dans la musique. "Je veux faire une police", assure-t-il après un moment de réflexion. Et si jamais il forme un groupe un jour, le jeune batteur - qui "ajoute toujours sa touche personnelle " comme le dit son père - ne se contentera pas de reprendre des chansons. ".On va faire des nouvelles affaires", promet-il déjà.