Le milieu littéraire québécois dénonce à son tour les coupes en culture du gouvernement conservateur. Il sera affecté par l'abolition annoncée en 2009 de deux programmes: PromArt (enveloppe totale de 4,7 millions) et Routes commerciales (enveloppe totale de 9 millions).

«Le gouvernement conservateur affirme qu'il veut des programmes efficaces. Mais au lieu de les rendre plus efficaces, il les supprime. Et à notre connaissance, il ne les remplacera pas. On appelle cela jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est très dommage. Car le meilleur ambassadeur d'un pays à l'étranger demeure la culture», affirme Pierre Lefrançois, directeur général de l'Association nationale des éditeurs de livre (ANEL).

Il n'a pas été possible hier de connaître la somme consacrée par ces programmes aux éditeurs et écrivains québécois l'année dernière. Mais les gens du milieu à qui nous avons parlé reprennent essentiellement le même discours: les subventions étaient à la fois modestes et efficaces. Ce qui rend leur suppression d'autant plus regrettable, selon eux.

L'ANEL profitait du programme Routes commerciales. Cette année, elle touche environ 15 000 $ grâce au programme. Cet argent permet notamment à l'organisme de participer à l'Escale du livre de Bordeaux, à la Foire du livre de Londres et de mener à bien un projet en Chine.

«Pour ces projets, la plus grande part du budget provient de Québec Édition (partenariat ANEL-SODEC) et de l'Association pour l'exportation du livre canadien. Mais pour un organisme comme le nôtre, chaque sou compte», explique Pierre Lefrançois.

PromArt a aussi indirectement profité à certains éditeurs. Ce programme a en effet permis aux ambassades canadiennes d'inviter quelques auteurs à l'étranger pour y rencontrer des journalistes et des professionnels du milieu de l'édition. «Grâce au PromArt, des auteurs de notre maison comme Gil Courtemanche et Gaétan Soucy ont été invités par des ambassades canadiennes de plusieurs pays, notamment celle des Pays-Bas. Ces invitations les ont aidés à être traduits dans plus de 20 langues. Environ 3000 $ ou 4000 $ suffisaient pour payer leur billet d'avion, leur séjour et organiser les rencontres», raconte Pascal Assathiany, directeur général des Éditions du Boréal.

Depuis cinq ans, il estime qu'entre 25 000 $ et 30 000 $ ont ainsi été investis dans les auteurs de Boréal. «C'étaient des sommes à la fois modestes et très utiles. Qu'on les supprime me paraît d'autant plus absurde. (...) C'est comme si on subventionnait la production d'avions de Bombardier, mais qu'on ne les aidait pas à les vendre sur le marché international.»

Selon lui, le milieu littéraire québécois souffrira aussi des autres compressions annoncées récemment en culture par le gouvernement conservateur. «Ce qui nuit à la culture nuit à la lecture, résume-t-il. C'est tout notre milieu qui sort perdant des récentes annonces.»