Alors que s'organise aujourd'hui à Montréal une manifestation pour dénoncer les compressions budgétaires des conservateurs, le Conference Board vient de publier un rapport sur l'importance sociale et économique de la culture au Canada.

La culture emploie 1,1 million de Canadiens. Elle compte pour 3,8 % du PIB canadien (valeur réelle ajoutée), et 7,4 % du PIB si on inclut ses effets indirects et induits. L'ensemble de l'industrie culturelle a par ailleurs reçu 7,9 milliards de subventions en 2007 de tous les ordres de gouvernement.

Voilà certains des éléments qui ressortent de «Valoriser notre culture: mesurer et comprendre l'économie créatrice au Canada». Ce rapport ne se penche pas sur le rôle des subventions en culture. Et s'il est publié au milieu de la controverse entourant les coupes des conservateurs, il s'agit d'une coïncidence, précise Pedro Antunes, directeur des Prévisions nationales et provinciales du Conference Board.

«Nous connaissions bien des marchés comme ceux des manufacturiers ou de la construction, mais beaucoup moins celui de la culture. Pourtant, son poids économique est important. Nous voulions donc mieux l'évaluer pour éclairer le débat public», explique l'économiste.

Le rapport risque d'intéresser ceux qui militent pour le maintien des subventions à la culture, car il indique que ce secteur «connaît une croissance solide et augmente sa part de l'activité économique». Par exemple, les dépenses des ménages en culture ont augmenté de 46 % entre 1996 et 2003. Si bien qu'en 2005, leurs dépenses consacrées aux arts de la scène étaient deux fois plus grandes que celles consacrées aux manifestations sportives.

«Des secteurs comme les médias interactifs offrent d'intéressantes opportunités de croissance, ajoute M. Antunes. La démographie offre aussi de nouvelles possibilités. D'ici 20 ans, le nombre de personnes âgées entre 65 et 74 ans aura presque doublé (de 2,3 à 4,5 millions). Ce sont des gens qui pourraient troquer leurs skis contre d'autres activités comme le théâtre.»

L'économiste souligne toutefois que quelques secteurs connaissent des difficultés, comme l'industrie du livre.

Le rapport donne aussi des informations sur la situation des artistes. Plus de 41 % d'entre eux détiennent un diplôme universitaire, contre 22 % des Canadiens. Mais les artistes ne gagnaient en moyenne que 23 500 $ en 2007.

La culture élargie

Dans son rapport, le Board utilise une nouvelle définition de la culture. Cette définition, élargie et quantifiable, a été développée par Statistique Canada en 2004. Elle assimile la culture à une «chaîne de création». Cette chaîne inclut la création, fabrication, production, distribution, consommation et le soutien (gérance, promotion) des activités culturelles. Ces activités proviennent de domaines comme les musées et les films, mais aussi les médias écrits et l'architecture.

En plus de sa dimension économique, le rapport du Board insiste sur les apports difficilement quantifiables de la culture, notamment sur le développement personnel, la cohésion sociale, l'innovation et la créativité sur laquelle «repose la vitalité économique» des villes, selon l'auteur Richard Florida.

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Pour consulter l'étude: www.conferenceboard.ca