Moins d'un an après la sortie de son troisième album, Simple Plan a déjà fait le tour la Terre. Une fois de plus. On ne peut plus dire que le populaire groupe montréalais n'est pas prophète en son pays. Il se produira non pas une, mais deux fois au Centre Bell au cours des prochaines semaines: ce mardi et le 13 septembre. La Presse a rencontré le batteur Charles Comeau et le guitariste Sébastien Lefebvre en marge d'une conférence de presse tenue en juin. Le point en quatre escales.

Objectif: deux fois le Centre Bell

«On est pas mal toujours en plein milieu d'une tournée internationale», lance Sébastien Lefebvre. Ce n'est pas de la vantardise. Simple Plan a passé l'essentiel des cinq ou six dernières années à parcourir le monde. Depuis la mi-juin, le groupe s'est produit sur les plaines d'Abraham, aux États-Unis, dans plusieurs pays d'Asie et a entrepris mardi une tournée canadienne qui passera par Chicoutimi et deux fois par Montréal. Ensuite? L'Allemagne, la Pologne, la Suède, la France et l'Angleterre.

«Ça n'arrête pas, admet Charles Comeau. On veut continuer d'aller à plein d'endroits, mais Montréal, ça demeure spécial. Les deux shows au Centre Bell, j'avoue que c'était un rêve avec cet album-là. On se disait que si on pouvait refaire le Centre Bell, ce serait incroyable, mais on espérait en faire deux. C'est spécial pour moi de pouvoir dire que, en tant que band, on a rempli deux fois notre propre aréna.»

Des chiffres en deçà de la réalité

No Pads No Helmet Just Balls, Still Not Getting Any et MTV Hard Rock Live, les trois premiers disques de Simple Plan, se sont écoulés à quelque 7 millions d'exemplaires. Son album éponyme lancé en février risque de ne jamais atteindre les scores des deux premiers (plus de 2,5 millions d'unités vendues), même si le groupe continue de gagner en notoriété à l'échelle planétaire.

«Les ventes d'albums ne sont plus vraiment une manière d'évaluer si tu es populaire ou non dans un pays donné», convient Charles. Prenons l'exemple du Canada: Still Not Getting Any s'y est écoulé à plus d'un demi-million d'exemplaires selon Warner, alors que l'album éponyme à «seulement» 70 000. Or, Simple Plan effectue néanmoins une tournée canadienne de 15 spectacles dans 14 villes. «Au Brésil, on a vendu, disons 50 000 disques, mais on y a joué devant 30 000 personnes, raconte le batteur. Si les disques se vendent moins, fuck it, on va faire des spectacles!»

S'adapter à son propre son

Pour son troisième album, Simple Plan a créé la surprise en faisant appel à Danja (Timbaland, Justin Timberlake) et Max Martin (hitmaker suédois qui a écrit pour Britney Spears et des boys band). Résultat: son punk rock intègre désormais des boucles rythmiques et mélodiques qu'on a plus l'habitude de croiser sur des disques pop ou hip-hop. «L'idée, c'était de travailler avec des gens qui ont du talent et qui ont eu du succès dans d'autres domaines que le punk rock», explique Charles.

S'habituer à donner des concerts en intégrant ces pistes générées par des machines n'a pas été une mince affaire. «Ça a été un défi, reconnaît le batteur. On a beaucoup pratiqué autour de Noël. On se demandait comment on allait faire parce qu'il y a des boucles (loop) sur plusieurs pièces du nouveau disque. Honnêtement, au début, on avait un peu peur, mais ça va super bien. Le band joue comme avant, avec la même énergie.»

«Ça donne une nouvelle dimension au spectacle, ajoute Sébastien. Quand on arrive à ces moments-là, comme dans Generation, tout le monde se met à danser. Et quand le refrain embarque, ça explose!» Charles renchérit: «Avant, quand on faisait une toune et que la guitare rentrait, elle n'avait pas autant d'impact parce qu'il y en avait déjà dans la chanson. Là, ça donne de la dynamique aux morceaux. Les guitares et la batterie après un break, ça frappe vraiment plus fort.»

La routine de la tournée

Jouer pour la 10e fois à Oklahoma City, ce n'est pas l'étape la plus excitante d'une tournée mondiale, reconnaissent les gars de Simple Plan. Malgré les inévitables temps morts, ils aiment visiblement la vie de tournée. «Le highlight de la journée, c'est le spectacle, disent-ils. Chaque soir est différent.»

Différent comment? Tout dépend de la foule. Charles admet avoir eu un pincement au coeur récemment quand, à la fin d'un spectacle à Prague, des centaines de fans ont levé des pancartes sur lesquelles il était écrit «merci». «On est encore au point où, quand on joue devant 50 000 personnes dans un festival, on se dit que ce n'est pas tout le monde qui nous connaît ou qui aime nos disques. Il faut les embarquer ces gens-là. Ça fait que chaque show est un défi.»

Simple Plan ne réinvente pas son spectacle chaque soir, bien sûr, mais fait un effort pour offrir quelques chansons différentes lorsqu'il se produit deux fois dans la même ville. Le groupe ne rechigne toutefois pas à l'idée de jouer ses incontournables. «Quand Pierre (Bouvier) fait chanter la foule dans Perfect j'enlève toujours mes écouteurs. Je m'assois au drum et j'écoute le monde qui chante, dit Charles. Je ne me tanne pas.»