Le Quai no 5 devait initialement être campé sur la grande scène de La Marjolaine. Changement de dernière minute, jeudi: le débarcadère s'est plutôt installé juste à côté, dans le ventre chaleureux du Piano rouge. Avec pour résultat que la boîte à chansons aux murs en rondins de bois s'est vite retrouvée pleine à craquer, sur le plancher comme sur la mezzanine.

Le Quai no 5 devait initialement être campé sur la grande scène de La Marjolaine. Changement de dernière minute, jeudi: le débarcadère s'est plutôt installé juste à côté, dans le ventre chaleureux du Piano rouge. Avec pour résultat que la boîte à chansons aux murs en rondins de bois s'est vite retrouvée pleine à craquer, sur le plancher comme sur la mezzanine.

Tant mieux. Ça ajoutait au concept imaginé par Tristan Malavoy; ça rappelait l'atmosphère qui s'installe dans les wagons lorsque tout le monde veut aller au même endroit, en même temps. Avec, en plus, l'ambiance cocon des lumières tamisées à la place des néons. Et avec, en moins, le stress d'une route parfois longue à parcourir avant d'arriver à bon port. En fait de port, de toute façon, il fallait se laisser porter. On ne part pas en voyage à dos de mots comme on prend le bus. Non. On doit mettre l'oreille au diapason de l'intérieur et savoir plonger en soi pour trouver les images que déclament les poètes.

Hier, ils étaient cinq à mener la barque avec talent pour lancer en spectacle les Correspondances d'Eastman. Le capitaine Malavoy s'était adjoint les auteurs-compositeurs-interprètes Mara Tremblay et Ivy pour piloter le spectacle. Le contrebassiste Yves Labonté et le percussionniste Alexis Martin s'assuraient, eux, que jamais le rythme ne s'essouffle en habillant joliment les textes récités comme les vers chantés. C'était un départ. Pour mille horizons et autant d'univers. Ceux des cinq artistes réunis là, dans cette gare de fortune, mais aussi ceux des auteurs Gérald LeBlanc, Élise Turcotte, Roland Giguère, entre autres. Et tandis que Tristan et Mara mettaient le cap sur des trucs plus intrusifs et émotifs, Ivy avançait dans un autre chemin. Jonglant avec les mots et les effets de style, il a réussi à semer quelques rires en cours de route.

Chacun son tour prenant le micro comme on prend le volant, il fallait s'attendre à des changements de ton, de genre, d'émotion. Ce fut le cas. Avec, pour résultat, de bons moments, une soirée agréable, mais inégale. Peut-être parce qu'au final, la chorégraphie du concept donnait l'impression d'assister à une enfilade des numéros de chacun plus qu'à une véritable rencontre entre artistes. Dommage. Qu'on bourlingue via la littérature ou qu'on voyage à la croisée de tous les continents, ce qui fait la richesse du périple, c'est la rencontre, justement.