La ministre du Patrimoine Josée Verner est finalement sortie de son mutisme en s'adressant aux médias, hier, mais l'opposition à Ottawa la somme néanmoins de justifier sa décision de couper dans différents programmes culturels devant les parlementaires et assure que le dossier deviendra un enjeu important des prochaines élections.

«La ministre doit s'expliquer», a affirmé hier le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, au cours d'en entretien téléphonique. Son parti veut donc convoquer les membres du comité permanent du Patrimoine afin de forcer Mme Verner à se justifier et également pour permettre aux représentants du milieu culturel de s'exprimer.

«Je trouve ça inquiétant, dit M. Duceppe en faisant référence à la vague de compressions survenues au cours des derniers jours. C'est une preuve de l'étroitesse idéologique des conservateurs.» Jusqu'à maintenant, le gouvernement Harper a mis la hache dans au moins sept programmes destinés à la culture. Le total des subventions qui provenaient de ces programmes s'élève à environ 23 millions de dollars.

M. Duceppe estime que des organismes indépendants devraient être chargés de décider si des projets peuvent être subventionnés ou non.

Pour sa part, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, qualifie la façon de faire des conservateurs d'«absurde». «Ça indique qu'ils ne comprennent pas comment fonctionne l'économie, dit-il. Les artistes contribuent grandement à notre économie. On va tout faire pour que ces programmes soient rétablis.»

Artistes en colère

Les réactions provenant du milieu culturel ont continué à fuser de toutes parts hier. «Ce sera un automne mouvementé pour le gouvernement conservateur s'il continue à sabrer ainsi dans notre culture, a assuré l'Union des artistes (UDA) dans un communiqué. Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement coupe dans certains programmes, mais c'est la première fois que cela se produit dans un contexte d'obscurantisme.»

L'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ) affirme pour sa part que le gouvernement Harper cible «délibérément et mesquinement» la conservation, l'expérimentation et la transmission de la culture. «Nous savions que ce gouvernement méprisait la culture, mais voilà qu'il la sabre de plusieurs de ses bases vivantes. C'est un geste irresponsable et honteux que nous dénonçons avec virulence», a fait savoir l'ARRQ.

Depuis le début de la semaine, plusieurs organismes ont manifesté leur mécontentement et ont demandé des comptes à la ministre du Patrimoine. Certains, comme l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), ont sollicité une rencontre avec la ministre Verner pour tenter de la convaincre de revenir sur ses décisions.

L'Alliance pour les arts visuels croit aussi que les coupes du gouvernement Harper mettent la culture canadienne en péril. «Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur a choisi de retrancher plus de 34 millions de dollars dans les programmes de subvention à la culture et au patrimoine», calcule l'organisme.

Rappelons que depuis quelques jours, le gouvernement a annoncé l'élimination de PromArt, du Programme national de formation dans le secteur du film et de la vidéo (PNFSFV), du Fonds des réseaux de recherche sur les nouveaux médias (FRRNM), du Fonds canadien du film et de la vidéo indépendants, de Routes commerciales, du Programme du long métrage (volets éducation et accès) et du Programme de souvenirs de musique.