L'une des histoires de chevet préférées de la classe artistique québécoise raconte comment la modernité est arrivée au Québec à l'aide d'un modeste petit livre, rédigé par une bande d'artistes frustrés, qui s'est à peine vendu à plus de 200 exemplaires.

A la fois un credo artistique et un manifeste politique, le «Refus global» avait scandalisé la société québécoise lorsqu'il a été lancé dans une librairie montréalaise, il y a 60 ans ce week-end.

Déclarer «au diable le goupillon et la tuque !» - tel qu'il est écrit dans la préface du livre - était l'équivalent à dire un blasphème dans un Québec alors mené par la main de fer du premier ministre Maurice Duplessis et par une église catholique omniprésente.

Pour l'auteure et critique de l'art Paquerette Villeneuve, âgée de 17 ans lorsqu'elle assistait au lancement du livre, le Refus Global était une violente rupture avec l'ordre établi.

Les artistes qui ont signé ce manifeste étaient très enthousiastes à l'égard des mouvements avant-gardistes qui émergeaient dans le reste du monde, et plus particulièrement à propos des surréalistes français.

Connu sous le nom des Automatistes, ce groupe constitué de 16 artistes aspirait à substituer une expression du subconscient davantage spontanée aux formes artistiques traditionnelles et académiques.