Chacun a un petit coin de verdure qui lui est cher. Dans le cadre de la série Grandeur nature, le photographe Ivanoh Demers et le journaliste Alexandre Vigneault lèvent le voile sur les paysages intimes de sept artistes. La comédienne Valérie Blais se plaît dans les espaces verts qu'on trouve en ville. Ce qu'elle aime par-dessus tout, ce sont ces lieux où la nature est marquée par la présence de l'être humain.

Valérie Blais n'a pas à avaler des kilomètres et des kilomètres d'autoroute pour trouver un espace vert capable de faire son bonheur. Elle enfourche son vélo, roule pendant quelques coins de rue, et la voilà bien à son aise sur le mont Royal ou au parc Lafontaine. «Je suis plutôt urbaine, dit-elle. J'aime la verdure, mais j'aime ça qu'il y ait du monde aussi.»

Elle ne lève pas le nez sur la campagne, bien sûr. Elle a d'ailleurs beaucoup de plaisir à découvrir la région de Rougemont depuis le début de l'été, puisqu'elle y joue au théâtre dans une comédie intitulée Ladies et Gentlemen. Mais elle ne rêve pas de posséder une maison loin de la ville. «Je ne sais pas si j'en profiterais, avoue-t-elle. La campagne me calme, mais passé un certain stade, je trouve ça ennuyant.»

Comme le personnage, inspiré d'elle, qu'elle incarne dans la série Tout sur moi, Valérie Blais recherche la compagnie des autres. Elle dit que c'est «inné» chez elle. «Si j'étais à la campagne avec tous mes amis, je serais bien», croit d'ailleurs la comédienne.

Elle ne jetterait pas son dévolu sur un recoin de nature sauvage, mais sur un espace déjà domestiqué. «J'aime les endroits où la nature est organisée», dit-elle. D'où son goût pour les parcs, les jardins ou encore les cours patiemment mises en valeur par des jardiniers du dimanche.

L'effort humain

Son affection pour les espaces naturels aménagés par l'être humain lui vient de l'enfance. À sept ans, Valérie Blais a déménagé en France avec sa mère et a vécu quelques années près de Bordeaux. Elle a passé bien des week-ends à Biscarrosse, dans les Landes, à cette époque.

«Les Landes, ce sont des forêts qui, avant, étaient des marécages, explique-t-elle. Pour solidifier le sol, les gens ont planté des kilomètres et des kilomètres de pins en lignes droites.» L'image de ces rangées de pins à perte de vue dans lesquelles elle pouvait faire du vélo «pendant des heures» avant d'aller au bord de la mer est durablement gravée dans sa mémoire. «J'adorais ça!»

Ce qui a toujours plu à Valérie Blais, c'est de sentir la présence de l'être humain derrière ces alignements d'arbres immenses. «Je me sens confortable dans un environnement organisé, parce que ce sont les êtres humains qui l'ont organisé et que je suis confortable là où il y a des êtres humains.

«J'aime sentir l'effort humain, ça me touche beaucoup, poursuit la comédienne. Le théâtre, c'est aussi un espace organisé et un texte organisé par des êtres humains pour d'autres humains. Partir de rien, rassembler des individus pour faire un spectacle ou ériger une forêt, je trouve ça fabuleux.»

Pour le plaisir des sens

Une pinède ou un jardin parfaitement symétriques, c'est bien sûr agréable au coup d'oeil. Valérie Blais concède que son inclination pour ces lieux n'est pas étrangère aux divers plaisirs qu'ils font naître en elle. «À Bazas, sur la terre où on vivait, il y avait un cerisier. On finissait de manger et, après, on grimpait dans l'arbre pour manger le dessert, raconte la comédienne. C'était assez hot!»

Elle parle avec bonheur des champs de lavande odorants, des arbrisseaux de romarin qui poussent partout dans le sud de la France, des mimosas en fleurs en plein mois de février et des orangers en fleurs qu'elle a vus - et surtout humés - en Espagne. «Je suis très gourmande et j'aime beaucoup les odeurs, les parfums, avoue-t-elle. Si j'étais riche, j'aurais un cuisinier et des fleurs en permanence chez moi.»

Son amour pour les fleurs frise visiblement la folle passion. «Je fais arrêter mon chum sur le bord de la route pour me faire des bouquets», dit en souriant la comédienne. Elle n'a pas le pouce vert (c'est elle qui le dit), mais affirme avoir un certain talent pour concocter de beaux assemblages de fleurs. On en déduit que c'est sa façon à elle d'organiser ou, plutôt, de mettre en scène la beauté de la nature.