Oubliée, la méchante laryngite: Éric Lapointe a retrouvé sa voix rauque et son rock, et c'est pour les FrancoFolies de Montréal qu'il est remonté sur scène après un repos forcé et quelques annulations de spectacles, plus tôt cet été.

Lapointe était en forme, hier soir, au Métropolis, pour son premier concert montréalais depuis la sortie de Ma peau, son dernier album. Le chanteur a ainsi honoré l'invitation d'un festival dont il est un habitué. Il a souhaité partager son enthousiasme avec son public: «Ostie que je suis content de vous voir!» s'est-il exclamé.

À 21h30 hier, le rideau s'est donc levé sur ce spectacle présenté comme une «avant-première» des spectacles de la nouvelle tournée d'Éric Lapointe. Au centre de la scène, le batteur. À l'avant-scène, les guitaristes. Derrière eux, surélevés, claviériste, violonistes et autres instrumentistes. En guise de décoration, un énorme serpent, emblème du nouvel album de Lapointe.

Éric Lapointe a surgi d'entre ses musiciens après les premières notes de la mélancolique Quand t'es partie. Lunettes noires, veste en cuir noire ouverte sur un veston noir, le col et les cheveux relevés à la façon d'Elvis, Éric Lapointe n'a pas traîné pour faire entrer spectateurs et musiciens dans le vif du sujet.

Les lunettes ne tardent pas à voler, tout comme la veste en cuir marquée «Lapointe - Ma peau». À peine entame-t-il un nouveau morceau de son répertoire - Toucher, le fruit d'une collaboration avec Plamondon - que le public, décidément fidèle, reprend les paroles avec le chanteur.

Il en a été ainsi pour ce premier concert au Métropolis - du moins, durant l'heure qu'il nous a été permis de voir, avant de devoir écrire ces quelques lignes: Éric Lapointe a distillé ses nouvelles pièces (Le diable m'en veut, Belle dans'tête, Va-t'en) parmi ses plus grands succès (Coupable, Le screw, Mon ange, Bartendresse). Et le public, toujours, suit, chante, applaudit ou allume des briquets.

Il faut dire qu'Éric Lapointe, sur scène, se démène pour donner aux spectateurs ce qu'ils veulent - du brut, de la sueur, du Éric Lapointe: au bout de sa troisième chanson sur scène, il verse de l'eau sur son public. Avant la fin de sa quatrième chanson, c'est sa bière qu'il répand dans les cheveux de l'un de ses guitaristes.

À peine plus tard, pour Tendre fesse, il dénoue la boucle de sa ceinture et pose une main virile sur son entrejambe, ce qui ne manque pas d'échauffer une spectatrice, qui lui lance son soutien-gorge. Le sous-vêtement passera le reste du concert délicatement accroché au pied du micro de Lapointe: cela ne s'invente pas.

Éric Lapointe a, musicalement aussi, ménagé une surprise à son public. Sur scène, c'est un piano blanc qui entre, puis Daniel Lavoie lui-même, avec qui Éric Lapointe chantera 1500 miles. Pour 100 hundred years from now, ce n'est pas Dennis Deyoung qui l'accompagnera, mais son choriste, le chanteur Rick Hugues.

Sans temps mort, Éric Lapointe décline un show on ne peut plus professionnel. Qu'on l'adore ou qu'on l'abhorre, il faut reconnaître qu'il a ceci de parfaitement louable: au moins, il ne fait pas les choses à moitié. Quitte à se casser la voix, ou à casser les oreilles des spectateurs les moins avertis.