Le début de l'été, c'est le temps des dicos. Pas qu'on en ait besoin pour aller s'éclater à Old Orchard, mais parce que c'est le moment de l'année où les commissions scolaires passent leurs commandes aux librairies agréées.

Du coup, Larousse et Robert rivalisent d'astuces pour qu'on parle d'eux. Pourquoi pas, ça fait une chronique fastoche à écrire!

Fastoche? Allez voir à la page 410 du Petit Larousse.

Parlons-en du Petit Larousse. Pour dire que c'est un ingrat. Année après année, l'illustration de la lettrine Q de la section des noms propres était dédiée au Québec. C'était flatteur et sympa. En cette année du 400e, cette illustration a disparu.

Peu de changements entre les millésimes 2008 et 2009. Sauf l'ajout d'une centaine de mots. Dont huit du Québec : brûlement, compétitionner, démarreur, épeurant, loup-marin, mousser, toutou et vin (de glace).

Un esprit tatillon ferait remarquer qu'ils n'ont rien de spécifiquement québécois. Ce qui est québécois, c'est le sens qu'on leur attribue ici. Par exemple, pour désigner un animal en peluche, un Québécois parlera d'un toutou alors qu'un Français recourra au mot nounours.

Nous baragouinons la même langue, mais nous n'utilisons pas les mêmes mots. Invitez un Québécois à dîner et il se pointera chez vous vers midi. Lancez l'invitation à un Français et il rappliquera à sept heures du soir.

Voilà la source des navrants malentendus entre eux et nous : nous dînons à des heures différentes!

Du côté des noms propres, une cinquantaine de nouvelles entrées. Dont trois du Canada : le cinéaste Frédérick Back, la romancière Nancy Houston et le sociologue Guy Rocher.

Mais ce qui va retenir l'attention des médias, c'est l'intronisation de Guntmundsdottir Björk, Brad Pitt et Radiohead dans ce panthéon de papier.

Le Petit Larousse 2009, en résumé, ce sont 59 000 mots, 28 000 noms propres, 5000 illustrations, 300 cartes et les fameuses pages roses.

Pour refléter la même réalité, ça prend un Petit Robert de la langue française et un Robert encyclopédique des noms propres. Dans l'un, on vous propose 60 000 mots et 300 000 sens et, dans l'autre, 40 000 noms propres, 2000 illustrations, 10 000 étymologies, 350 articles de synthèse, 240 cartes et 200 pages de chronologie.

Le Petit Robert accueille une dizaine de mots en provenance du Québec : accommodement, ballant, effrayant, feu, gale, geste, itinérant, micmac, prendre, rôtisserie et travaillant.

Même observation que précédemment : un esprit tatillon ferait remarquer que tous ces mots n'ont rien de spécifiquement québécois. Ce qui est québécois, c'est le sens qu'on leur attribue ici.

Dans le Robert encyclopédique, une centaine de nouvelles entrées. Bienvenue à Dominique Strauss-Kahn, Al Gore, Irène Némirovsky, Doris Lessing, Rafael Nadal et Jim Morrisson.

Au fil des ans, le Petit Robert a supplanté le Petit Larousse à titre d'ouvrage de référence linguistique. Fort de cette autorité, il n'hésite pas à accréditer néologismes et mots étrangers qui témoignent de l'étourdissante capacité d'assimilation de la langue française.

Quelques exemples du côté de la technologie : blogosphère, identifiant, audiolivre, baladodiffusion. Du sport : acrosport, glaciériste, paintball, mercato, haka. De la cuisine : bresaola, malossol, céteau, chichi. De l'environnement : bioéthanol, diester, écoparticipation, etc.

Un dernier détail, et j'y tiens. Ni le Petit Larousse ni le Petit Robert n'ont retenu le mot pom-pom girls pour évoquer les cheerleaders. Pourtant, à force de l'entendre dans les téléséries américaines mal traduites à Paris, plusieurs journalistes québécois ont adopté ce stupide barbarisme!