Il est l'homme de confiance de Gilbert Rozon depuis son arrivée à Juste pour rire, il y a neuf ans. Pourtant, il a grimpé les échelons non sans avoir causé des remous au sein de l'entreprise. Alors que s'achève le 26e festival de l'humour, Éric Belley relate son expérience marquée de hauts et de bas.

C'est au département des communications qu'Éric Belley a débuté sa carrière à Juste pour rire, il y a neuf ans. Il est aujourd'hui vice-président télévision francophone et programmation du festival Juste pour rire. Le chapelet de promotions obtenues en près d'une décennie relève de la surprise, tellement Belley manquait parfois de qualifications. Le nouveau vp est le premier à le dire. «Je suis toujours confronté à mon seuil d'incompétence, admet-il. Je n'ai jamais été confortable. On m'en rajoute chaque année.»

De producteur délégué en salle à producteur de la LNI, en passant par directeur artistique des galas Juste pour rire, Éric Belley en a vu de toutes les couleurs. «Quand je suis devenu producteur télé et de scène de la LNI, je n'avais jamais assisté à un match d'impro de ma vie, avoue Belley. Du coup, je me retrouvais en réunion avec des Luc Senay et Yvon Leduc. Je souffrais. Il y a des termes en production télé que je ne connaissais pas. La première année à la LNI fut donc difficile. On se foutait de ce que je disais. Mais la deuxième année s'est très bien passée.»

Rapidement alors, Gilbert Rozon propose à Belley la direction artistique des galas, «alors que je n'avais jamais vu un gala de ma vie»! Inconscient, Belley accepte le nouveau défi qui sera marqué par autant de relations de travail douloureuses. «Certains vont dire que je suis opportuniste. Mais je ne demande rien.»

Ex-éducateur spécialisé

Éric Belley, qui a grandi dans Charlevoix, ne connaissait personne à Montréal lorsqu'il y a mis les pieds, il y a une décennie. «J'arrivais de Québec et j'étais éducateur spécialisé», raconte le vp de 41 ans.

Ce fondateur d'une compagnie de théâtre pour les jeunes artistes (Le Théâtre du Grand Jour) prend un jour contact avec Yves Desgagnés, qui le présentera ensuite à Gilbert Rozon. «J'ai rencontré Gilbert un 8 décembre. Il a failli ne pas m'engager. Six mois plus tard, je rencontrais sa soeur Lucie qui m'a embauché aux communications. Après une semaine, je devenais producteur délégué en salle!»

Aux problèmes d'inexpérience d'Éric Belley s'ajoutent des frictions récurrentes avec certains employés de Juste pour rire. Mais malgré les tempêtes, bien qu'il ait pensé quitter le navire ou qu'il ait cru se faire jeter à l'eau, Belley s'est accroché, pour le mieux. C'est qu'il a un allié de taille à Juste pour rire. «Sans Gilbert, je n'y serais plus.»

Belley n'a, par ailleurs, jamais pensé retourner à ses premières fonctions d'éducateur spécialisé. «Ça ne me manque pas, avoue-t-il. À la fin, je n'y croyais plus. Notre implication est tellement éphémère auprès des jeunes. Une fois qu'ils sont à la maison, on n'a plus de suivi. J'avais l'impression de ne servir à rien. Quand on perd la foi, comment peut-on aider quelqu'un?»

Avec le temps, les choses se sont tassées pour le nouveau vice-président, satisfait de son 26e festival, mais qui souhaite néanmoins apporter quelques changements aux opérations dans les prochaines années. «Du côté du festival, on veut trouver une façon de fonctionner pour ne plus avoir l'impression de travailler à la petite semaine, explique-t-il. Il faut être plus en avance sur la programmation en salle et diversifier notre offre pour toucher le plus de clientèles possible.»

Éric Belley veut aussi faire grandir des humoristes pour bonifier la brochette d'invités lors des galas au Théâtre Saint-Denis. «On trouve plein de petits trucs pour faire connaître les humoristes de la relève, comme l'émission En route vers mon premier gala, au Canal Vox», dit-il.

Le nouveau poste est exigeant. Il comptera sûrement sa part de rebondissements. Mais, au moins, Éric Belley sait prendre ses distances. «Les vendredis, samedis et dimanches, je reste chez moi, dit-il. Je suis père de deux jeunes garçons. Si Gilbert m'appelle le week-end, je ne réponds pas!»