Amakhosi, les rois de l'Afrique commence bien, avec la promesse de nous charmer par l'histoire de la jolie princesse africaine Nsephe, tombée amoureuse du reflet d'un prince, aperçu au fond d'un étang. On aime d'emblée l'énergie des premiers danseurs en piste, qui arborent de splendides masques d'antilope, et les galipettes d'acrobates rigolos déguisés en singes.

Malheureusement, sitôt après, ça se gâte.

Amakhosi, installé jusqu'au 17 août au quai Jacques-Cartier, est un spectacle plein de potentiel, qui se différencie avantageusement en puisant dans les chants et les danses de la riche culture sud-africaine, auxquels se mêlent des numéros de cirque. Mais voilà: lorsqu'on se place un tant soit peu dans la mouvance du cirque nouveau comme le fait, sciemment ou non, Amakhosi et qu'on débarque ainsi au pays du Cirque du Soleil, du Cirque Éloize, des 7 doigts de la main et compagnie, il faut arriver préparé.

Or, cette production qui réunit une trentaine d'artistes, dont une majorité de Sud-Africains, un Péruvien et quelques Québécois, est encore très mal rodée. Sa mise en scène est déficiente et plusieurs numéros de cirque - la corde volante, la corde lisse et les tissus aériens, entre autres - manquent de maîtrise, d'aplomb et de fini. En fait, la lourdeur de la composante cirque, jumelée à de réels problèmes de structure, étouffent son attrayante différence.

Certes, la troupe est relativement nouvelle et le spectacle, récent (La Presse a assisté à une des premières représentations). Mais il faut rapidement éliminer tous ces temps morts et dynamiser les transitions. Il faut s'assurer que l'action se déroule bien sur 180 degrés, parce qu'on est sous un chapiteau et non dans une salle à l'italienne. Autre problème: le beau conte, sur lequel les concepteurs veulent baser toute l'affaire, est à peine intégré à l'action et n'est exploité que de façon simpliste. Le récit est même laissé en plan pendant presque toute la soirée.

Cela dit, on aime que les percussions, jouées en direct, ponctuent parfaitement certains numéros (parmi lesquels un numéro de trapèze), et que l'artiste de diabolo, et par moments le jongleur, sachent la jouer fluide et subtile, voire sensuelle. Amakhosi aurait en outre avantage à miser davantage sur la ferveur de ses chants a capella, les cris poussés à l'unisson qui galvanisent les spectateurs, la dynamique des danses de groupe et sur l'interaction avec le public qui, en seconde partie, ravive le spectacle. Au dire de ses concepteurs, le but d'Amakhosi est de faire vibrer le public au diapason de l'Afrique du Sud. Peut-être faut-il en épurer la facture pour mieux laisser filtrer l'âme de ses artisans.

Amakhosi, les rois de l'Afrique, du mercredi au dimanche jusqu'au 17 août, quai Jacques-Cartier, au Vieux-Port.