La Place des Arts fera comme l'oiseau ce soir: les FrancoFolies accordent Carte blanche à Michel Fugain, dès 20h. «On va bien s'amuser», dit-il à propos de ce concert unique avec mise en scène, comme lors de son dernier passage au Théâtre Saint-Denis. Véronique Samson, Bruno Pelletier et Daniel Lanois y seront. Mais pas Cali ni Benjamin Biolay, que Fugain a fustigés il y a quelques jours à la télévision belge.

Ce fut «l'histoire» des FrancoFolies de Spa, dans les Ardennes belges, le week-end dernier. Le 17 juillet, journée inaugurale des Francos, le populaire chanteur français a accordé une entrevue à télévision de la RTBF durant laquelle il s'est prononcé sur certains membres de la nouvelle génération de la chanson française.

D'emblée, dans le reportage, il s'inquiète: «"Je suis foncièrement concerné par l'évolution de la chanson, dit-il. Concerné comme un mec, un citoyen normal, qui passe les clés aux générations d'après. Je pense qu'il y a une bande de petits cons là-dedans - et je pèse mes mots - qui ont l'impression qu'ils savent tout faire, qu'ils connaissent tout. Et ils ont tort, car ils savent peu de choses.»

L'affaire n'aurait pas pris autant d'ampleur dans les médias belges (puis de l'Europe francophone) si Fugain n'avait pas visé directement certaines stars de la chanson française. Cali, d'abord, qui sera d'ailleurs en concert au Club Soda mercredi prochain: «J'ai fondé énormément d'espoir dans ce mec. L'évolution qui l'anime, elle me gonfle.» Mathieu Chédid, dit M: «Est-ce qu'il va un jour chanter?» Benjamin Biolay, en concert au Club Soda vendredi prochain: «Pour moi, c'est le pire.»

En entrevue à La Presse, Michel Fugain persiste et signe, tout en précisant sa pensée. Sa sortie est, explique-t-il, une charge contre l'état de l'industrie de la musique et ces chanteurs «qui ne seront plus là dans cinq ans».

«Les industriels de la chanson se sont avérés être des incapables. Ils ont cassé les jouets, abîmé quelque chose dont on avait l'impression qu'elle était sacrée, sacrifiée sur l'autel du commerce.»

«Il y a un truc que je voudrais préciser, poursuit-il. Je ne déteste pas l'idée de provoquer. Je veux dire: provoquons le débat. Les dés sont pipés dans le marché de la musique. Or, les marchands se foutent énormément que les chanteurs ne soient plus là dans cinq ans. La réflexion de ces artistes doit se faire ailleurs que dans l'immédiat. Que deviendront-ils dans cinq ans, dans 10 ans? Mathieu Chédid - que j'aime beaucoup par ailleurs -, un jour, il aura 50 ans. Il ne pourra plus chanter avec sa voix de tête! Ça ne passera plus. Il faudra qu'il montre ce qu'il a vraiment dans le ventre et dans la tête.»

Mais il y a au moins un artiste de la nouvelle chanson française que Michel Fugain inviterait volontiers à sa Carte blanche. «Sanseverino, un original, qui a une patte originale, un saltimbanque. Quelqu'un qui ne met pas des paroles avec de la musique autour. Y en a pas beaucoup...»