La rue? C'est le terrain choisi par le populaire Christopher Williams. Discussion sur l'apocalypse avec un gars d'expérience.

«C'est mon choix de performer dans la rue. Le Théâtre Saint-Denis ne me convient pas. Il faudrait qu'ils dédrillent les bancs de la salle. Pense pas que parce que mon show se déroule dehors, c'est moins professionnel. J'aimerais que ça ressorte de l'article, Paul, ça pourrait-tu ?» lance d'un seul souffle Christopher Williams.

O.K. Après tout, on le croit.

Sa popularité, la révélation de l'année 2005 du gala Les Olivier l'a prouvée une fois de plus au dernier festival Montréal en lumière et à Nantes au printemps. Et c'est un redoutable vendeur. C'est ce qui rend ses interviews si fascinantes. Même pas besoin de poser les questions.

Le regard fixe et la casquette tournée 15 degrés à droite, Christopher Williams définit sans répit l'essence de Christopher Williams. Un «maverick», a-t-il compris récemment en lisant le dictionnaire. Un «gars d'arts and craft». Un «Rambo armé pour divertir». Bref, un performer.

Comme il le résumera 15 minutes plus tard : «Je suis le boss de la fin du jeu vidéo. Celui d'avant aurait du speed; l'autre, du stamina ou du power. Moi, j'ai tout ça. Pis je me régénère à la Wolverine.» Il hésite ensuite quelques instants. «J'espère que ça ne paraît pas prétentieux, hein?»

Pas de ping-pong dans le jeans

Si Christo s'emballe, c'est à cause de son nouveau spectacle. Ses nouvelles expériences, devrait-on dire. L'ancien GO du Club Med propose des «trips collectifs». Chaque soir, il intègre le public à ses récits. À sa demande, ses fans jouent des personnages pour recréer un sacrifice de Mayas, une séance massive d'entartage ou une autre de ses folles idées.

«Pensez pas que c'est du genre : Hey la gang, on fait un concours de limbo, puis on se passe des balles de ping-pong dans le jeans, précise-t-il. Non, non, non, c'est pas ça, le trip. Moi, je vends un univers.»

L'univers qu'il propose dans sa nouvelle expérience? Rien de moins que l'apocalypse.

«T'es-tu déjà fait attaquer par une créature à la Cloverfield, avec une bâtisse qui s'écroule comme le World Trade Center? Ce sera ça. Et à la fin, on tue la créature. C'est l'anarchie, le chaos complet. Direct.»

On comprend pourquoi le Théâtre Saint-Denis convient mal à l'ambiance de ses spectacles, qu'il compare à un concert rock. Ou à une soirée conçue sur mesure pour lui.

«Je vais te dire la vérité, j'ai créé le spectacle que j'aimerais moi-même consommer. Je rapproche les gens par ce qu'ils vivent ensemble. C'est comme un show de Metallica. Quand ta toune part, tu prends ton voisin par le cou, tu cries yeah!!! C'est rassembleur et libérateur.»

Le premier à hurler sera Williams lui-même. Il prévoit arriver «comme Hulk Hogan, old school eighties», en courant à travers la foule.

Une façon de donner l'exemple. Car l'humoriste répète que ces expériences ne s'adressent pas aux voyeurs.

«Qui j'attends à mon show? Je n'attends pas Monique avec sa chaise patio qui vient écouter Nicola Ciccone au Festival de montgolfières. Faut arriver prêt mentalement à participer», lance-t-il.

On ne doute pas que ses nombreux fans lui obéiront pour recréer l'apocalypse.

Christo s'étonne parfois lui-même de son pouvoir de persuasion. «J'ai déjà demandé à un gars de grimper à un poteau. Quand il a atteint le sommet, je lui ai dit : «Lance-toi en bas». C'était une blague. Mais il n'a pas réfléchi, il a sauté... Ne t'inquiète pas, il est correct.»

Christopher Williams, en prestation de 22h à 23h, chaque soir jusqu'au 19 juillet, à la Drôle de cour Labatt Bleue.