Pour les 20e FrancoFolies, un festival dont il est la plus vive incarnation, Michel Rivard passe de la salle à la rue, une première, avec un spectacle «symphonique au max » : «On ne relègue pas l'OSM au rang d'accompagnateur.»

Sous les réflecteurs ou dans l'intimité du studio, Michel Rivard fait les choses à sa façon. Rien de spectaculairement explosif mais, quand on le regarde aller, la conclusion ne s'en impose pas moins : Rivard, c'est Rivard. Et le gars a du souffle.

Ainsi le spectacle qu'il donne demain aux FrancoFolies avec l'Orchestre symphonique de Montréal. Il ne s'agit pas d'une première, on le sait : ce spectacle avait été présenté à Wilfrid-Pelletier à l'automne de 2006, avant d'être repris, toujours en formation symphonique, à Québec, Sherbrooke et Saguenay. La première tient dans le fait qu'il passe de la salle à la rue alors que la progression inverse – de la rue à la salle – a de tout temps constitué la norme festivalière.

Michel Rivard avait inauguré cette série «Week-ends Pop» de l'OSM – Luck Mervil, Gilles Vigneault et les Respectables l'y suivront. Mais l'appellation pop ne lui plaisait guère, nous disait-il la semaine dernière au cours d'une entrevue agréablement «fébrile», comme Rivard l'est toujours avant les Francos. «Pop, pour moi, ça voulait dire que le chanteur arrive avec son band, qui est obligé de jouer moins fort tandis que l'orchestre se retrouve dans un rôle d'accompagnement, sur des arrangements qui n'ont pas été faits pour lui. Cet entre-deux m'a toujours laissé sur ma faim...»

Problème vite réglé : «J'ai dit : ça va être moi et l'orchestre, point! On ne relègue pas l'OSM, un des orchestres les plus prestigieux au monde, au rang d'accompagnateur.» Michel Rivard a dressé une liste des chansons qu'il croyait «le plus à leur avantage» dans un environnement symphonique et il les a confiées à son ami Blair Thomson, compositeur et arrangeur torontois de renom. «Blair utilise au max le spectre de l'orchestre, explique Rivard. S'il y a de la rythmique, on entend les percussions de l'orchestre ; les basses, ce sont les contrebasses de l'orchestre.»

Pour l'auteur-compositeur-interprète, cette approche implique de «se remettre entre les mains de l'arrangeur et du chef d'orchestre et d'accepter d'être déstabilisé». Déstabilisé comme Michel Rivard l'a souvent été aux FrancoFolies, un festival dont il incarne, depuis le début, tant l'esprit que la lettre. Et auquel il participe, à un titre ou à un autre, depuis 20 ans.

Quelques jalons. En septembre 1989, Michel Rivard anime le spectacle de clôture des premières FrancoFolies, huit rencontres Québec-France présentées au Spectrum. En 1992, il préside, si l'on peut dire, à la réunion de Beau Dommage au Forum, le clou des célébrations du 350e de Montréal. La Fête à Michel Rivard, en 1999, l'amènera à l'animation de Studio TV5. Il sera plus tard (2003) l'hôte des Chaises musicales au Cabaret : huit spectacles en huit soirs avec deux ou trois invités différents chaque soir, une expérience dont il sort « vidé mais heureux ».

Demain, les comparses Haworth, Légaré et Covan n'y seront pas ; Michel Rivard sera tout seul avec ses deux guitares... et l'OSM. Au programme, des chansons qui, tout en se prêtant à la symphonie, comptent parmi «les plus porteuses», selon leur auteur. Tu peux dormir, dédiée à son père, le comédien Robert Rivard, décédé en 1989, «hallucinante dans un environnement symphonique» ; Jamais l'hiver et Tout simplement jaloux (Beau Dommage, 1994), Rivière (de son dernier CD, Confiance), Pleurer pour rien de Maudit bonheur. On vous laisse deviner les 10 autres, toutes des affaires qui s'écoutent plus qu'elle ne font danser.

Michel Rivard, il le dit lui-même, n'a rien de «Monsieur Party», mais on n'imagine pas les FrancoFolies sans ce grand «sacripant». Qui ferait la joke d'ouverture? «Bonsoir! Mon nom est Kent Nagano...»

Michel Rivard Symphonique, lundi à 21 h sur la grande scène Espace Ford, coin Sainte-Catherine/Jeanne-Mance, avec l'Orchestre symphonique de Montréal, dirigé par Jean-François Rivest.