JayPee Roy sort de Sing-Sing. Après 7494 nuits. Seul «Ça dispose un homme».

Ainsi commence Le petit Roy, la comédie musicale conçue par Benoît L'Herbier à partir des chansons de Jean-Pierre Ferland et dont la version concert - sans mise en scène, décors ou costumes - sera présentée lundi au Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS).

D'après la 12e version du scénario, précisera Robert Marien, coauteur du livret, metteur en scène, chanteur et producteur de ce work in progress qui profite de «l'ouverture d'esprit» de la directrice artistique du FASS, Anick Bissonnette, l'ancienne prima ballerina des Grands Ballets Canadiens.

«Un festival est un lieu d'expérimentation. Le moment est venu de voir et d'entendre ce que cette création pourrait donner sur scène», nous disait Robert Marien mardi, après une répétition dans un studio du Plateau. «On n'a pas eu beaucoup d'heures». Fin juillet, il est difficile - et toujours coûteux - de rassembler la douzaine de chanteurs, les cinq musiciens (dirigés par le claviériste Denis Chartrand) et les membres de l'équipe de production. Mais l'heure a sonné.

Tous les chanteurs de la version concert, selon Marien, pourraient se retrouver dans la production achevée si Le petit Roy devait dérouler le tapis rouge rue Saint-Denis. Disons à l'automne de 2009... si les astres décidaient de s'aligner comme du monde. «Chacun a trouvé la voix de son personnage», dira Marien, qui a joué Jean Valjean, le personnage principal des Misérables, plus de 800 fois et qui, de master classes en ateliers, est devenu LA référence québécoise en matière de comédie musicale.

Marien est le J.P. Roy qui sort de SingSing en 1978, de 20 ans plus vieux que le jeune homme qui y est entré en 1958, personnage joué par Frédéric DeGrandpré. L'action, qui se passe côté cour (criminelle) et beaucoup «en dedans», met en scène des prisonniers. Les bums de la 33e nommés Frank (Vincent Bilodeau), Gerry (Daniel Jean), Jos (Pierre Lenoir), Claude et Clément incarnés par Philippe Berghella, qui s'est révélé en 2004 dans son rôle de Raphaël dans Don Juan (où Robert Marien jouait Don Carlos). Quand il n'est pas juge, Luc Proulx est tantôt monsieur Gobeil, tantôt Bob Laporte et revoici un Pierre Verville aux multiples talents en Ti-Noir, en avocat de la Couronne et en lecteur de nouvelles.

À SingSing - T'appelles ça vivre, toé, Jos? -, il n'y avait pas beaucoup de femmes, sauf dans les souvenirs ou l'espoir du jour où Rencontrez donc Simone, oui, elle est aux hommes, comme devrait le démontrer Véronique Lapierre, lauréate du Festival de la chanson de Granby en 2002. Jean-Pierre Ferland - un auteur à femmes s'il en est - trouvera peut-être que ce Petit Roy en manque un brin, mais la qualité devra suppléer avec Brigitte Marchand (Notre-Dame de Paris) et Brigitte Désy (Esquire Show Bar).

Comme dans Mamma mia!, tirée des chansons d'Abba - le film, avec Meryl Streep, vient de sortir - Le petit Roy est construit avec des chansons qui n'ont entre elles aucun lien dramatique. Le défi est d'en tirer une histoire cohérente et crédible. Lundi à Saint-Sauveur, les concepteurs en seront les premiers juges, qui verront à faire respecter la «loi» Ferland: quand on aime, on a toujours 20 ans.

Le petit Roy (version concert); lundi 20h au Grand Chapiteau de Saint-Sauveur, sortie 60 de l'A15; www.fass.ca.