Une trentaine de musées à travers la province se partageront 8 millions $ pour renouveler leurs expositions permanentes.

Québec souhaite ainsi attirer des touristes, mais aussi faire en sorte que les citoyens découvrent les oeuvres méconnues des musées de leur région.

«On invite les gens à s'approprier leurs musées», a souligné la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, qui a dévoilé jeudi à Montréal la liste des institutions qui bénéficieront cette année des sommes accordées par le Fonds du patrimoine culturel québécois.

«Avec le renouvellement des expositions permanentes, les gens diront: 'on va aller voir quels sont les trésors que le musée avait dans ses coffres'», a ajouté la ministre.

Le musée de Pointe-à-Callière en profitera notamment pour revamper son exposition dans la crypte archéologique; le Musée des beaux-arts de Montréal, pour renouveler spécifiquement ses expositions d'arts québécois et canadien; et le Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, pour reprogrammer son exposition multimédia.

«Les expositions permanentes sont la signature spécifique des musées, et c'est ce que les visiteurs de l'extérieur enregistrent de façon concrète», a dit Michel Perron, directeur de la Société des musées québécois.

Besoins criants

Les sommes accordées étaient plus que nécessaires dans certains des cas, selon plusieurs conservateurs de musées présents lors de l'annonce.

Par exemple, 16 ans après leur installation, les panneaux français du musée de Pointe-à-Callière, qui reçoit beaucoup de visites scolaires, sont rendus pratiquement illisibles par les milliers de petits doigts qui s'y sont attardés depuis toutes ces années.

Plus important encore, il est temps, de l'avis de la directrice générale de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre, de mettre à jour le contenu des expositions, qui n'a presque pas bougé depuis la création du musée en 1992.

«Il y a eu énormément de nouvelles recherches sur l'histoire de Montréal que nous aimerions bien faire partager à la population», a dit Mme Lelièvre.

Son musée fait partie de la poignée de chanceux qui toucheront le montant maximum accordé, soit 500 000 $.

Le Musée McCord d'histoire canadienne recevra également cette somme, qu'il utilisera entre autres pour intégrer de nouvelles technologies à ses expositions, dont de nouvelles «bornes 3D» développées en partenariat avec l'Agence spatiale canadienne.

Sa directrice du développement stratégique, Marguerite Stratford, a souligné que cela fait plus de dix ans que l'exposition permanente a été conçue.

«Ça date, et le temps est venu de rafraîchir et de mettre en valeur le contenu à nouveau», a-t-elle dit.

Du tabac aux oeuvres d'art

Le renouvellement et la mise à niveau des expositions permanentes sont financés à 75 pour cent par un volet du Fonds du patrimoine culturel. Les musées doivent se tourner vers les autres paliers de gouvernement, le mécénat ou les commanditaires pour combler le manque à gagner.

Il s'agit de la deuxième édition de ce programme destiné spécialement aux expositions permanentes. L'an dernier, 7,5 millions $ avaient été accordés à 34 établissements.

Le Fonds est financé à même la taxe sur le tabac, autrefois au service de la dette liée à la construction du Stade olympique.

Ce transfert de la taxe olympique vers le financement du patrimoine doit durer jusqu'en 2011. La ministre Saint-Pierre a promis qu'elle agira pour faire en sorte qu'il devienne permanent.