Ce soir, Stefie Shock sera tour à tour musicien et DJ. L'occasion : le Bal en rouge, son «bang-bang musical sans jasette».

Dehors, le vacarme des voitures agresse Stefie Shock. Il semble encore endormi en racontant ses dernières semaines de tournée. Puis il s'anime quand une discussion sur son récent voyage au Mali sert de prétexte pour parler d'afrobeat.

«J'en écoute depuis toujours, mais je baigne particulièrement là-dedans depuis quelques mois», lance-t-il.

Ce soir, il espère offrir un concert aussi rythmé. Il a assemblé son orchestre des grandes occasions, avec 10 musiciens, sections de cuivres et rythmiques comprises.

«L'esthétique s'inspire un tout petit peu de l'afrobeat, grâce à mon joueur de conga qui est aussi membre d'Afrodizz. J'ai assisté à leur concert récemment au Divan Orange. J'étais en transe. J'ai terminé ma soirée l'oreille presque collée contre son instrument. Et là, il m'accompagne», s'enthousiasme-t-il.

Aux prochaines FrancoFolies, Stefie Shock présentera Microcosme, un concert intime et dépouillé, avec quatre musiciens.

Mais ce soir, il propose le contraire. «Ne vous attendez pas à de la jasette, annonce-t-il. Ce sera un feu roulant de rythmes. Une soirée instinctive et bestiale, comme doit l'être le rock.»

DJ pour curieux

Après ses 90 minutes de concert, Stefie Shock s'épongera rapidement le visage dans les coulisses. Puis il retournera sur scène, cette fois à titre de DJ. Un métier qu'il a exercé pendant 10 ans, notamment au Central Station et au Jinxi.

«J'étais un DJ un peu égoïste. Comme un auteur-compositeur qui écrit ce qu'il veut, je joue beaucoup ce qui me plaît.»

Et plusieurs choses plaisent à ce mélomane boulimique. Au milieu de notre interview, il nous montre d'ailleurs une liste de disques qu'il s'apprête à acheter, dont Sigur Ros, Papa Groove, Martha Wainwright et Jacques Brel.

Pour le Bal en rouge, le DJ pourra puiser parmi ses milliers de disques et vinyles. Sa sélection plaira sûrement aux amateurs de découvertes. «Je ne mettrai pas de Madonna ou de Michael Jackson. Ce serait comme pêcher dans un aquarium. T'es certain qu'un poisson mordra à ta ligne, sans trop y prendre plaisir. Mais je ne m'obstinerai pas non plus à jouer de la musique obscure.»

Des exemples de sélections? «Custom Check Point de Fela (Kuti), c'est certain. Sa musique a une influence sanguine sur moi. C'est presque intraveineux. Je prépare aussi un morceau de cumbia et un autre de vieux funk.»

Le reste est à déterminer. Car comme Stefie Shock le répète, un bon DJ débarque avec des centaines de possibilités. Puis il s'adapte à l'énergie de la foule.

Si cette foule répond à l'appel du festival, elle se vêtira de rouge. «Ça tombe bien, le rouge revient souvent dans mon travail. C'est la couleur de ma pochette, je reprends Savoure le rouge d'Indochine, et je m'habille souvent en rouge sur scène.»

Cette attirance pour le rouge, il préfère ne pas la rationaliser. «Je ne pourrais pas l'expliquer. Il doit y avoir un lien avec le sang ou les fluides. La Terre, toi, moi, c'est pas mal de fluides. Et ça prend des fluides pour en faire d'autres comme nous», lance-t-il avant de laisser échapper un rire gras.

Le Bal en rouge, ce soir, 19h, à la scène Loto-Québec.