«Montréal? C'est ma ville de coeur. Je n'y ai pas chanté depuis longtemps, mais j'y viens de temps à autre pour y visiter des amis proches. En ce qui a trait au métier, j'avais perdu le contact, je ne sais trop pourquoi» Ainsi, Véronique Sanson n'est pas montée sur une scène montréalaise depuis 1993. Elle compte bien se reprendre samedi prochain.

La voix est enthousiaste et enjouée. Elle a cette légère âpreté qu'ont les vraies fumeuses, ce qui confère paradoxalement un charme et une autorité aux femmes d'expérience. Chose certaine, elle a tôt fait d'établir une vraie proximité, on la sent prête à tout donner.

«Au cours des 15 dernières années? J'ai fait 22 tournées, je n'ai jamais arrêté de travailler. En fait, il m'est arrivé de ne pas pouvoir envisager de chanter loin de chez moi, car j'ai une maladie héréditaire: mon sang coagule trop ou pas assez. Donc, il m'arrive de ne pas avoir le droit de prendre l'avion et de me voir obligée de déplacer mes dates de spectacles ou encore de partir en train plutôt qu'en avion. Je ne peux prendre le risque de faire une embolie pulmonaire parce que j'en ai déjà fait une! Cette maladie n'est pas effrayante, mais elle est très contraignante.»

Aucun décalage

Voilà peut-être l'explication de cette si longue absence, logée quelque part dans l'inconscient de l'artiste de 59 ans, connue et aimée depuis le tournant des années 70. À Montréal, Véronique Sanson donnera le spectacle qu'elle présente en France. Sans décalage aucun.

«Il n'y a pas de nouvelles chansons dans cette tournée, mais il y en a plein que les gens ne connaissent pas. Je me suis dit que c'était une bonne idée de ne pas toujours chanter que des tubes et de chanter aussi des trucs pas connus qui n'ont pas joué à la radio. Bien sûr, je reprends Rien que de l'eau, Bahia ou Vancouver»

L'instrumentation? Basse (Dominique Bertram), batterie (Loïc Pointieux), claviers (Hervé Leduc), guitares (Christian Leroux), deux choristes (Éric Filet et Mehdi Benjelloun), elle-même au piano. Avec ou sans, s'empresse-t-elle de préciser.

«Je suis très souvent debout. Longtemps j'ai eu peur de le faire, je me réfugiais un peu derrière mon piano. Un soir, mon instrument n'avait pas été livré à temps et je n'ai pas eu le choix. J'ai finalement trouvé ça formidable! J'ai pris confiance en moi après avoir réalisé que je pouvais le faire.»

Même si elle ne présente pas de nouveau concept, même s'il ne faut pas s'attendre à découvrir tout un pan de répertoire neuf, Véronique Sanson insiste pour affirmer qu'elle n'est en rien blasée.

«J'ai toujours cette fougue et, quand je viens sur scène, je deviens un peu schizophrène, parce que je deviens une autre Véro. Vous savez, j'ai un trac pas possible avant de monter sur scène. À Montréal, je sais que j'aurai un trac inouï, car je ne veux pas décevoir des gens qui m'ont aimée en 1974 et qui se souviennent de moi Et lorsque je mettrai un pied sur la scène et j'oublierai tout ça, je serai l'autre moi, l'autre Véro. Heureusement que c'est ainsi, sinon ce serait une horreur!»

Le studio, c'est l'ennui

Si elle adore être sur scène, elle dit «détester faire des disques». Carrément.

«Mon premier album, je l'avais fait en 10 jours, mixage compris. Mais les impératifs de production ont bien changé Et je ne trouve pas très marrant d'être obligée de chanter seule, je m'ennuie en studio Alors que lorsque je suis sur scène, j'adore.»"

Elle est quand même préoccupée par la création. Tôt ou tard, un artiste doit avoir quelque chose de neuf à offrir, Véronique Sanson en est parfaitement consciente.

«Je n'écris pas de chansons régulièrement. Par contre, j'ai 12 000 idées par jour et je les écris sur des petits bouts de papier qui traînent partout. Lorsque vous avez une idée, il vous faut la garder. Car une idée, c'est fugace! Quand je serai prête à faire un autre album, je vais touiller tous ces bouts de papier pour en sortir quelque chose.»

Peu de disques

«Je fais peu de disques, pense-t-elle néanmoins. Car lorsqu'on n'a rien à dire, il ne faut rien dire. Vous savez, il y a des artistes qui font des disques pour maintenir une présence médiatique. Donc si j'ai quelque chose à dire et si les gens m'oublient ils m'oublient. Au mois de septembre, je crois, je ramasserai mes petits bouts de papier.»

Au bout du fil, Véronique Sanson redevient alors la maman et la grand-maman. De son fils Christopher Stills (fils du célébrissime Stephen), elle parle d'un amour inconditionnel. «Il fait toujours de la musique et il est fantastique. Et je vous assure que je suis la plus critique du monde en ce qui le concerne! Et là il vient s'installer en France pendant deux ans - il vit à Los Angeles avec sa femme et ses deux petites filles. Il a été engagé sur la comédie musicale Cléopâtre dans laquelle il joue Jules César. Je lui ai dit d'en profiter, qu'il joue un maximum sa propre musique en France. Et je vais voir mes petites filles (trois ans et un an et quart) qui ne me connaissent que par webcam Alors, elles arrivent le 28 juillet, je suis aux anges!»

Les amis

Avant les retrouvailles familiales, il y aura d'abord le Québec. Dans le cadre de sa prestation aux Francos de Montréal et sa participation à la carte blanche de Michel Fugain, l'auteure-compositrice-interprète envisage de passer quelques jours de vacances, revoir des amis chers parmi lesquels elle cite Claude Dubois et Robert Charlebois.

Entière, dites-vous?

Véronique Sanson, le 26 juillet, 20h, au Théâtre Maisonneuve. Elle participera aussi à la carte blanche de Michel Fugain, le 27 juillet, 20h, à la salle Wilfrid-Pelletier.