Un autre Festival de Lanaudière qui commence bien. Cette fois, le 31e, avec l'irrésistible Carmina Burana de Carl Orff forçant la direction à donner le programme initial deux soirs au lieu d'un seul.

Un autre Festival de Lanaudière qui commence bien. Cette fois, le 31e, avec l'irrésistible Carmina Burana de Carl Orff forçant la direction à donner le programme initial deux soirs au lieu d'un seul.

J'y étais le premier soir, vendredi. Il faisait très beau et il y avait là 4000 personnes (2000 sous la partie couverte et autant sur la pelouse) vibrant, dans un parfait silence, à l'électrisante virtuosité pianistique de l'Ukrainienne Valentina Lisitsa et à l'extraordinaire vitalité rythmique communiquée par Yannick Nézet-Séguin à la masse de plus de 300 participants englobant l'Orchestre Métropolitan et cinq choeurs locaux.

La populaire cantate profane de Carl Orff et le rare deuxième Concerto pour piano de Prokofiev étaient les deux grosses pièces du programme. Le Orff explique certainement ce succès de box-office et sa réalisation fut tout à fait satisfaisante, mais la grande réussite de la soirée reste, à mon sens, le Prokofiev.

Valentina Lisitsa, dans ses débuts ici, apporta le maximum de technique et d'engagement à ce concerto qu'elle avait pourtant déclaré ne pas aimer et qui, effectivement, peut être qualifié d'"injouable". À certains moments, ses longs bras nus balayaient le clavier avec une telle rage qu'elle semblait en colère contre l'instrument. L'effet absolument foudroyant entraîna Nézet-Séguin et l'orchestre dans la même frénésie.

C'était la quatrième fois qu'on donnait Carmina Burana à Lanaudière, les précédentes exécutions ayant été celles du Métropolitain même dès 1989, de l'OSM en 1991 et de l'Orchestre Symphonique de Québec en 2000. Nézet-Séguin en a bien rendu la rythmique primitive et la truculence, en même temps que la poésie et la naïveté. Les différents choeurs en présence possédaient une belle unité (seules réserves à signaler: des sopranos tirant un peu à l'aigu) et l'orchestre sonnait avec le brio et le relief souhaités.

James Westman, le plus sollicité des trois solistes, apporta à ses interventions le timbre viril et le ton de caricature requis, mais le ténor Frédéric Antoun atteignit de justesse les trois contre-ré du solo du «Cygne rôti». Même chose pour les trois si de la soprano vers la fin. Erin Wall avait pourtant chanté avec l'abandon indiqué.

Le concert de vendredi s'est terminé après 22h30. Il aurait fallu sacrifier la reprise de la Fanfare pour Lanaudière de Jacques Hétu et ces juvéniles Offrandes oubliées indignes d'un centenaire Messiaen.