Le premier concert d'été de l'OCNA a été intitulé Nuit blanche de Rachmaninoff, faisant référence à celles de Saint-Pétersbourg.

Le premier concert d'été de l'OCNA a été intitulé Nuit blanche de Rachmaninoff, faisant référence à celles de Saint-Pétersbourg.

Ce ne l'était que quasiment parce qu'à côté du pré-hollywoodien Rachmaninoff il y avait aussi le Concerto #3 pour piano de Prokofieff. Ce fut également presqu'une nuit blanche du fait de l'interprétation minutieuse et prudente par Zukerman de la déjà longue Symphonie #2. Normalement chronométrée entre 53 et 58 minutes (et non 43 minutes comme l'indiquait erronément le programme), l'interprétation de Pinchas Zukerman s'étala en quelque 65 minutes. Mais, il faut le dire, sans qu'il perde le fil de la narration. Moins épique que lyrique, les tempi retenus permettaient une texture fine, détaillée, un lyrisme gracieux et mesuré, loin du plein sang romantique. En ouverture il a joué en soliste l'hyper connue "vocalise" qu'il a laissé s'échapper de son violon, comme une évidence atténuée.

Impressionné pendant le stage des jeunes chefs d'orchestre par le Vénézuélien Diego Matheuz, il lui a passé la direction d'orchestre pour accompagner la pianiste Katherine Chi dans une autre oeuvre vedette du répertoire, le Concerto #3 de Prokofieff. Ce fut du Prokofieff délicieusement enlevé, finement virtuose de la part de Mme Chi. Diego Matheuz dirigea en mécanique mesurée, aussi "détaché" de l'orchestre que de la soliste à laquelle il n'accorda pas un instant d'attention. Il en résulta du Prokofieff sans tripes, sans souffle, sans ces moments de sauvagerie qui permettent à ses oeuvres de les élever au-delà du sentimental et de les faire entrer dans le paysage à parfum scythe.

En lui laissant la direction, Pinchas Zukerman n'a pas vraiment rendu service à Diego Matheuz.

Au Café des arts

L'Institut estival de musique de CNA commence à avoir d'autres retombées. Ainsi la jeune violoniste autrichienne Johanna Pichlmair vient de donner un court récital dans le cadre de cette initiative heureuse imaginée par l'ambassade d'Autriche et l'hôtel Sheraton : celle d'un Arts Café à la viennoise où tout en dégustant vins, sandwichs et cafés un public très nombreux est venu écouter cette participante à l'Institut estival de 2007, avec au piano Ronny Michael. Au programme d'une heure, le premier mouvement de la Sonate à Kreutzer de Beethoven et une série de bonbons pour violon.