Le principal problème de The Hobbit: An Unexpected Journey de Peter Jackson, à l'affiche demain, c'est d'arriver après The Lord of the Rings. Les comparaisons deviennent alors inévitables. Et injustes.

Dans un monde idéal, les deux oeuvres auraient dû être produites dans l'ordre inverse, et l'adaptation du roman pour enfants de Tolkien aurait servi d'introduction à celle de la grande oeuvre de l'homme de lettres.

Les problèmes de droits en ont décidé autrement. Devant The Unexpected Journey, nous avons donc cette impression de «régression» sur le plan de l'intrigue: on est loin de la densité, de la complexité et de la profondeur de The Lord of the Rings.

On suit ici, un peu à la manière d'un feuilleton, sur un rythme et au fil de rebondissements rappelant les Indiana Jones, les péripéties de Bilbo le hobbit (excellent Martin Freeman), de Gandalf le Gris (Ian McKellen, parfait) et de 13 nains menés par Thorïn (Richard Armitage) en direction du mont Solitaire.

Reprendre un trésor

Leur quête n'a pas pour but de sauver le monde (comme celle de Frodo dans The Lord of the Rings), mais de reprendre au dragon Smaug le trésor qu'il a volé aux nains.

Sur leur route dans ce premier des trois volets que comptera The Hobbit: des trolls, des orques, des elfes, un sorcier «brun» et un certain Gollum (Andy Serkis dans une performance encore mieux rendue à l'écran grâce aux avancées technologiques) qui va perdre un certain anneau aux mains de Bilbo.

On pourra reprocher à Peter Jackson et à ses coscénaristes d'avoir étiré la sauce ici et là. Ainsi, l'amorce du film, où l'on voit les nains arriver les uns après les autres chez Bilbo, est longuette.

En fait, réduit d'une demi-heure et avec moins de scènes explicatives, le long métrage aurait eu plus de souffle.

Grands moments

Par contre, que d'excellentes idées ont été trouvées dans les annexes situées à la fin de The Lord of the Rings!

Par exemple, la réunion du Conseil blanc et les inquiétudes de Radagast le Brun, qui laissent entendre le réveil de forces sombres en Dol Guldur - ce qui nous permet de présager les événements qui surviendront 60 ans plus tard, lorsque sera formée la Compagnie de l'Anneau.

Aussi, que de formidables clins d'oeil à la trilogie précédente - l'ouverture du film, les trolls changés en pierre, etc. - qui se font jusque dans la trame sonore impeccable d'Howard Shore.

Visuellement, le long métrage offre les grands moments qu'on espérait: les paysages et les décors sont grandioses, les batailles sont épiques.

Un apéritif

On peut par contre, plus prosaïquement, se demander pourquoi certains nains apparaissent très semblables à des humains alors que d'autres, aux traits exagérés, tiennent plus des compagnons de Blanche-Neige.

Quant à ceux qui tenteront l'expérience 3D 48 images par seconde et goûteront au pari audacieux de Peter Jackson, ils risquent d'être déstabilisés par l'aspect «vidéo» du résultat. Or, on s'y fait vite, d'autant plus que le film gagne en netteté et en fluidité, et «intègre» à merveille un 3D parfaitement maîtrisé et modulé.

Bref, le voyage est familier, sympathique. Un apéritif plus que prometteur pour la suite des choses. Laquelle, comme le savent les initiés, va se corser et s'assombrir terriblement.

THE HOBBIT: AN UNEXPECTED JOURNEY (V.F.: LE HOBBIT: UN VOYAGE INATTENDU)

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Drame fantastique de Peter Jackson. Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Andy Serkis. 2 h 50.