Avec un film en compétition officielle et deux autres projetés en première mondiale, le Québec est une fois de plus bien présent sur les écrans du 15e Festival international du film de Shanghai, qui s'est ouvert samedi dans la métropole chinoise.

Le plus important festival cinématographique de la Chine continentale consacre, pour une troisième année, un volet de sa programmation aux films canadiens. Ainsi, 20 films de fiction et documentaires, dont huit québécois, sont présentés à l'intérieur du programme Focus Canada et des Magnolia International Documentary Awards (MIDA). Pour l'amour de Dieu, de Micheline Lanctôt, est aussi en lice pour l'obtention du Golden Goblet Award qui sera remis dimanche en présence des acteurs Victor Trelles Turgeon et Rossif Sutherland.

«On est venus ici avec beaucoup de curiosité et un désir de s'informer, mais la Chine demeure tout un mystère», souligne l'acteur Rossif Sutherland, qui fait également partie de la distribution de I'm Yours, un film du réalisateur canadien Leonard Farlinger aussi présenté à Shanghai. Lorsqu'il était enfant, Rossif Sutherland a passé près d'un an en Chine en compagnie de son père, l'acteur Donald Sutherland, qui y tournait Bethune: The Making of a Hero. Aujourd'hui, il peine à reconnaître la Chine qu'il a connue.

Choc culturel

Les autres membres de la délégation québécoise en sont à leur premier contact avec l'empire du Milieu. De par son public et son étendue - 300 films projetés dans 28 cinémas - le Festival du film de Shanghai a de quoi dérouter les habitués des événements nord-américains et européens. «Dans une salle chinoise, ça parle, ça se racle la gorge, les téléphones sonnent. Mais, en même temps, ça réagit, c'est vivant», fait remarquer l'actrice Nathalie Coupal, rencontrée à la première, lundi, de La vallée des larmes de la réalisatrice d'origine libanaise Maryanne Zéhil.

«C'est difficile de savoir si le public a apprécié ou non, ajoute Maryanne Zéhil. La réaction des gens est parfois déroutante. Les gens ont ri à un moment du film qui était très dramatique. Je n'ai vraiment pas compris!»

Dimanche, jour de la fête des Pères, le producteur Paul Barbeau a présenté en première internationale Après la neige, un film sur la relation père-fils qu'il a réalisé, écrit, produit et dans lequel il tient le rôle principal. Projeté à l'extérieur du centre-ville, dans une salle de cinéma dissimulée au septième étage d'un centre commercial, le film n'a attiré qu'une trentaine de personnes.

«J'aurais pu présenter le film à Montréal, devant mes amis et ma famille, mais c'est une belle occasion de venir le présenter à Shanghai. Je pense qu'il y a quelque chose dans mon film auquel les Chinois peuvent s'identifier», dit Paul Barbeau, qui représente également au festival le film Roméo Onze, dont il est producteur.

Percer la muraille

«C'est très différent des films que nous sommes habitués de voir, note Yang Liu. Ici, on voit beaucoup de films américains dans lesquels le rythme est plus rapide.» Le public chinois a peu accès au cinéma d'auteur étranger. En raison des quotas imposés par le gouvernement, seuls 34 films étrangers, pour la plupart hollywoodiens, sont diffusés chaque année dans les cinémas du pays.

Vice-président de Filmoption International, Andrew Noble croit que les films étrangers peuvent percer le marché chinois par l'entremise de la vidéo sur demande. «Évidemment, le marché chinois n'est pas un marché comme les autres. Ça peut être très intéressant, mais il faut le développer.»

Le réalisateur de La peur de l'eau, Gabriel Pelletier, aimerait quant à lui relever le défi d'une coproduction Québec-Chine. «Ce n'est pas évident de faire des coproductions, artistiquement parlant, concède-t-il. Ce qui plaît au public chinois ne plaît pas nécessairement au public québécois. Ça a toujours été un problème avec la France, alors imaginez avec la Chine.»