Ancien participant de la Course destination monde, Danic Champoux se distingue par ses longs métrages de fiction dont Baklava Blues, La couleur du temps et, l'an dernier, Mom et moi, oeuvre autobiographique sur son enfance passée à Sorel en face d'un bunker de motards. Il nous revient avec Séances, huis clos flirtant avec le cinéma-vérité, portant un regard sans complaisance sur des patients en chimiothérapie.

QComment est née l'idée du film?

RJ'ai voulu combattre les idées reçues. J'avais moi-même une fausse idée de ce que sont ces traitements. Mon but était de dire aux gens de ne pas avoir peur. La chimiothérapie, c'est un traitement. La moitié des gens qui le suivent en ressortent en santé. Et puis, je voulais montrer que le quotidien est plus fort que les craintes. Tout est dit à travers l'un de mes personnages qui apprend que sa tumeur est en évolution. Elle a grossi et il doit reprendre les traitements. Et que demande-t-il au médecin? S'il peut aller à la chasse à l'orignal. C'est ça, la vraie vie!

QLorsque les personnes se retrouvent dans la salle de traitement, elles échangent beaucoup. Personne n'est dans sa bulle. Pourquoi?

RJ'ai voulu être le plus vrai possible. C'est sûr que certains jours, c'était plus tranquille. Parfois même, les gens dorment durant leur traitement. Mais en général, ils échangent. Lorsqu'on se retrouve devant d'autres personnes avec les solutés, les tubes, etc., on se sent en position de vulnérabilité. Alors, on utilise la parole comme rempart et comme moyen de cacher sa détresse. Et puis, chez ces gens, surtout les personnes âgées, il y a de la solitude. Pour certains, aller au traitement est la seule sortie de la semaine. Alors, ils se mettent beaux avant d'y aller.

QLa majorité des personnes qu'on voit dans votre film sont mortes. Le travail a-t-il été lourd?

RMoins que les gens peuvent penser. Bien sûr, il y a deux ou trois personnes à qui je me suis davantage attaché et dont la mort m'a attristé. Mais la mort est quelque chose qui ne m'impressionne pas. Tout finit par mourir. J'ai rencontré des gens qui se savaient malades. On s'attend à ce qui peut arriver. Je ne crois pas que mon film est lugubre.

Séances est présenté ce soir à 20h à l'auditorium de la Grande Bibliothèque.