«Je dirais que, visuellement d'abord, le rugby ressemble au football américain. Mais l'état d'esprit de ce sport, l'esprit d'équipe, l'esprit «troisième mi-temps», l'esprit «on se bat jusqu'au bout», je pense que le hockey en est plus proche que le football», abonde Philippe Guillard.

«Il me semble avoir plus de points communs entre ce hockey que vous aimez tant chez vous et le rugby: ce sont deux sports possédant une même dynamique de groupe, et un même goût du combat, aussi.»

On aurait pu penser que le cinéaste chatouillait ainsi la fibre québécoise, à quelques jours du lancement du film Le fils à Jo chez nous, en osant la comparaison entre le rugby et le hockey. C'est mal connaître Guillard qui, question sport, s'y connaît plutôt bien.

«Pour avoir vécu quelques expériences avec quelques hockeyeurs canadiens jouant pour des clubs français, à l'époque où moi-même je jouais au rugby, je sais que ces types-là ne manquent pas d'énergie, dans la fête et dans le partage.»

D'abord ex-joueur de rugby, il devient ensuite journaliste sportif pour Canal" et spécialiste du ballon ovale français (et britannique, et australien, et bien sûr néo-zélandais, pensons aux légendaires All Blacks couronnés champions lors de la dernière Coupe du monde), il cultive en parallèle une passion pour l'écriture.

La fête

Il est beaucoup question de ça, la fête - ce que le réalisateur désigne comme «la troisième mi-temps» - et le partage, dans Le fils à Jo, son premier long métrage dont il a aussi écrit le scénario.

«Puisqu'on me donnait la chance de faire un premier film, j'ai préféré raconter une histoire qui se déroule dans un univers dont je connais les sensations, les émotions, les regards, les angoisses», se justifie-t-il.

Film attendrissant, celui-ci porte davantage sur les relations fraternelles (Jo qui retrouve ses vieux potes, à commencer par celui surnommé le Chinois, incarné par Olivier Marchal) et paternelle que sur le rugby à proprement dit. Le fils en question s'appelle Tom et son père, Jo Canavaro (joué par Gérard Lanvin), est une ancienne star du club de rugby de Douniac, quelque part dans le sud de la France.

Maçon, veuf, Jo tente d'inculquer à son fils la passion du rugby. Alors que le duo père-fils (agrémenté de la présence du simple Pon-Pon) se voit forcer de quitter l'ancien terrain du club de rugby où ils logeaient, le Chinois et Jo décident de monter un club de jeunes rugbymen locaux, avec le concours d'un authentique All Black pour leur enseigner le jeu.

Autobiographique?

Sans être autobiographique - Guillard n'est pas originaire du Midi, mais de la Guadeloupe, «je suis le Français qui vient du plus au sud, comme j'aime dire!» -, Jo, c'est un peu lui, avance Philippe Guillard.

«Mon père ne connaissait rien au rugby, il était foot jusqu'au bout. C'est justement un peu pour ça que je me suis intéressé au rugby, pour ne pas avoir à subir les commentaires du papa dans l'auto, en revenant du match. Mon propre fils jouait un peu au rugby, il est plutôt devenu musicien - il signe d'ailleurs un morceau dans le film. Et c'est pareil, quand j'étais sur le bord du terrain pendant ses matchs, j'avais du mal à comprendre pourquoi il ne faisait pas ce que je faisais quand je jouais. Sauf que, comme je suis un peu conscient, je dirais, que je ne voulais pas lui mettre de la pression, j'ai un peu écrit ce film pour ne pas lui faire subir ça.»

Cette relation père combatif et fils apprenti ne résume pas à elle seul le propos du film, qui met en parallèle les propres peurs que Jo doit surmonter pour mieux vivre, avec l'aide de ses vieux et nouveaux amis.

«Ce film en est un où on sait exactement ce qui va se passer», prévient Guillard, avec recul, puisque le film a pris l'écran en France il y a un an. «Il n'y a pas de surprises dans le scénario, et c'est ce qu'on pourrait lui reprocher. Mais, je l'ai fait avec sincérité, et beaucoup de coeur.»

Le fils à Jo prend l'affiche vendredi prochain.