Le cinéaste Denys Arcand tournera un nouveau long métrage. Il en a fait l'annonce, hier, en marge de l'inauguration d'une salle de cinéma de 200 places portant son nom au Carrefour du Nord à Saint-Jérôme.

Ce film, dont le titre de travail est Deux nuits, se veut une grande histoire d'amour contemporaine bâtie autour d'un triangle amoureux. Elle se déroulera sur trois saisons à Toronto, Paris et Québec, a précisé le réalisateur.

«Tous les cinéastes ont fait ça, c'est la base. Mais pas moi. Alors, je suis prêt à me lancer. La première version du scénario est écrite», a-t-il ajouté.

Sa compagne Denise Robert produira le film, comme elle l'a fait avec ses oeuvres précédentes et compte déposer le projet en février à la SODEC et à Téléfilm. «Je suis heureuse, car il ose faire quelque chose de différent. Il aurait pu aller dans les zones où il est à l'aise. Mais non, le film qu'il va proposer sera extrêmement différent de ce qu'il a réalisé dans le passé.»

Le réalisateur des Invasions barbares, de Jésus de Montréal et du Déclin de l'empire américain souligne que son histoire sera plus contemplative que ses scénarios précédents. «Il y aura moins de dialogues. Ce sera bâti sur un scénario plus muet», a-t-il dit.

Depuis son dernier long métrage, L'âge des ténèbres, Denys Arcand a continué à écrire. Pendant un an ou deux, il a ébauché des écrits se rapprochant de mémoires. Puis, insatisfait, il a transformé l'idée en roman. Finalement, il est revenu à un scénario de film.

La salle Denys-Arcand

C'est durant la cérémonie au cours de laquelle on a inauguré une salle à son nom que M. Arcand a parlé de son intention de faire un autre film. L'inspiration, l'élan créatif, sont venus de ses nombreuses rencontres avec le public, Monsieur et Madame Tout-le-monde croisés à l'épicerie ou sur un terrain de golf. «Un jour, sur un terrain de golf, deux joueurs m'ont demandé quand je ferais un autre film. Ils trouvaient ça plate de ne plus voir de nouveaux films de ma part. Cela, je l'entends toutes les deux semaines. Alors, je vais en faire un autre», a-t-il lancé, en se disant fier que son nom soit associé à une salle commerciale et non à une salle de cinéma de répertoire ou d'une institution.

«Les critiques et les intellectuels font un temps. Ils aiment quelqu'un, puis ne l'aiment plus. La critique est volage, alors que le public a de la mémoire. C'est le public qui décide du destin d'un cinéaste», a-t-il expliqué.

Sous la présidence d'honneur de la ministre Christine St-Pierre, la salle a été inaugurée en présence de plusieurs acteurs et amis, dont Pierre Curzi, Dorothée Berryman, Yves Jacques, René Caron, Louise Portal, Caroline Néron, Violette Chauveau, Roger Frappier et quelques autres. Rémy Girard a animé la cérémonie.

La salle Denys-Arcand est située dans un complexe de neuf cinémas détenus par Guy Gagnon, ancien président d'Alliance Vivafilms. M. Gagnon accompagnait Denys Arcand à la SODEC lorsqu'ils étaient allés défendre le projet du film Les invasions barbares.

Avec beaucoup d'humour, M. Arcand a raconté comment le film avait été mal reçu par l'analyste de la SODEC. «Il nous a dit que personne n'irait voir ça, que l'histoire était ennuyante, etc. Lorsqu'il nous a demandé pourquoi on voulait faire ce film, Guy Gagnon a répondu: «Parce qu'on va faire de l'argent» (rire général). C'est grâce à la cupidité de Guy qu'on a pu faire le film!»

Le complexe de cinéma de M. Gagnon a été rénové au coût de 5,6 millions de dollars. «Nous avons aussi une salle de 400 places, mais je préférais donner le nom de Denys à une salle plus intimiste où j'ai l'intention de diffuser du cinéma d'auteur», a-t-il confié.

Pour l'occasion, hier, quatre films de M. Arcand ont été projetés devant des centaines de personnes.