Si Mitt Romney craint de se faire ravir la victoire par Ron Paul ou Rick Santorum à l'occasion des caucus de l'Iowa, il l'a bien caché hier lors de son passage à Dubuque, la plus ancienne ville de l'État, sur laquelle soufflait un vent glacial rappelant les hivers du pays d'origine de son fondateur canadien-français.

L'ancien gouverneur du Massachusetts n'a pas mentionné une seule fois le nom de ses rivaux républicains devant les quelque 200 personnes venues l'entendre dans une papeterie décorée d'un énorme drapeau américain et d'une affiche aussi grande, sur laquelle on pouvait lire: «Croire en l'Amérique».

Ce n'est que dans la toute dernière phrase d'un discours d'environ 15 minutes qu'il a fait allusion au premier test électoral de la course à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012.

«Sortez en masse demain, j'ai besoin de votre vote», a déclaré le prétendant républicain, qui est en avance d'une courte tête, ou en deuxième position derrière Ron Paul, dans les plus récents sondages publiés en Iowa.

Pour le reste, c'est-à-dire l'essentiel, Mitt Romney s'est comporté comme s'il avait déjà remporté l'investiture de son parti. La cible de ses attaques n'était donc pas un de ses adversaires républicains, mais Barack Obama, dont il a non seulement dénoncé la gestion économique, mais également la philosophie politique.

Un enthousiasme modéré

«Le président semble vouloir nous transformer en un État-providence de style européen, une société où le gouvernement soutire de l'argent à certains pour le donner à d'autres. Qu'en résultera-t-il? Cela aura pour effet de remplacer l'ambition par l'envie. Cela empoisonnera l'esprit d'entreprise américain», a-t-il déclaré.

Mitt Romney finira peut-être par triompher de tous ses rivaux républicains. Mais le politicien de 64 ans ne semble pas susciter un grand enthousiasme en Iowa, à en juger par la foule plutôt modeste qui s'est déplacée pour l'entendre à Dubuque et par l'accueil plutôt tiède que celle-ci lui a réservé.

George McIlrath, un pasteur à la retraite, est peut-être le supporteur type de Mitt Romney, dont il vante l'«intégrité», l'«expérience en affaires» et l'«aisance verbale». «Il est le meilleur candidat présidentiel en lice en ce moment», a-t-il déclaré.

Et d'ajouter, sourire en coin: «J'ai un candidat favori, mais il n'est pas dans la course. Il s'appelle Jeb Bush. Malheureusement, son nom de famille représente un problème.»

Kevin Crahan a pour sa part défendu Mitt Romney en employant un mot rarement associé à l'ancien homme d'affaires: charisme.

«Je pense qu'il a beaucoup de charisme et de personnalité», a déclaré cet employé d'une usine de meubles, âgé de 55 ans. «Il fait beaucoup moins robot qu'il y a quatre ans. Il est beaucoup plus relax.»

Le facteur religieux

Mitt Romney a certes délaissé l'uniforme de banquier dans lequel il faisait souvent campagne en 2008. Il va désormais à la rencontre des électeurs vêtu d'un jeans et d'une chemise à col ouvert.

Il saupoudre également ses discours de pointes d'humour et d'allusions patriotiques qui suscitent parfois des rires ou des applaudissements.

Mais il ne semble pas avoir réussi à séduire les électeurs de l'Iowa qui ne le voyaient pas déjà comme le prétendant républicain le plus susceptible de battre Barack Obama. De fait, son pourcentage d'appuis n'a à peu près pas changé dans les sondages réalisés dans cet État au cours de la dernière année.

Le facteur religieux pourrait jouer contre Mitt Romney dans l'Iowa, où certains chrétiens évangéliques se méfient de la foi mormone de l'ancien gouverneur du Massachusetts.

Cela dit, aucun des républicains rencontrés hier à Dubuque ne considérait la religion de Mitt Romney comme un handicap.

«Je ne pense pas vraiment pas que cela soit important. Nous avons élu Barack Obama à la Maison-Blanche avec sa religion, n'est-ce pas?» a déclaré Kathy Hoffman, une femme de 54 ans qui travaille pour une compagnie d'assurance.

«Barack Obama est chrétien», lui a-t-on rappelé.

«Cela ne m'apparaît pas évident», a-t-elle répliqué.