Âgé de 42 ans, Davide Bertocchi expose quelques-unes de ses oeuvres pour la première fois au Canada, à la Galerie Pangée, dans l'édifice Belgo de la rue Sainte-Catherine Ouest.

Tout comme bien de ses prédécesseurs italiens, l'artiste installé à Paris depuis 11 ans est complètement fasciné par la science, la recherche fondamentale et les questions existentielles reliées à notre situation d'êtres humains à la présence si singulière au sein de l'univers.

Il a d'ailleurs un projet ambitieux. Il veut envoyer d'ici 2020 une météorite dans l'espace. Il en est à la recherche de commanditaires. «Une livraison dans l'espace coûte 300000$ par kilogramme, dit-il, en entrevue à Montréal. À moins que je puisse utiliser des vols expérimentaux?»

Quel est le but de ce projet? «Abandonner la roche dans l'univers vers une destinée inconnue et des conséquences imprévisibles.» Quand on parle de fascination...

Depuis une vingtaine d'années, Davide Bertocchi combine ainsi ses interrogations, son goût de la science-fiction et ses talents de metteur en scène pour créer des installations, notamment sonores, des sculptures et des photographies qui reflètent ce souci de questionner avec humilité le sens de la vie.

L'exposition Tentatives de résolution empirique propose l'oeuvre Spazio («L'espace»), un total de 1260 petites photographies alignées sur un mur, des photos réalisées à partir de logiciels de la NASA et qui représentent des interprétations d'objets célestes pouvant exister dans l'univers: planètes, météorites, constellations, astres, Voie lactée, etc.

OEuvre en expansion

«J'ai commencé Spazio en 1999 et j'y ajoute des photos régulièrement, dit-il. L'oeuvre est en expansion tout comme l'univers.»

Il présente aussi Alpha & Omega: la question de l'oeuf et la poule, une sculpture d'acier chromé comprenant un oeuf pris dans un disque, le tout ressemblant au système solaire avec l'astre en son centre.

Pour illustrer l'univers en expansion, il a pris des photos d'un ballon bleu en suspension dans l'air. «Un modèle de représentation de l'univers qui évoque les théories d'Einstein qui semblent dégonflées depuis la découverte des neutrinos qui vont plus vite que la lumière», dit-il.

L'exposition propose aussi Collider, sculpture constituée d'un trépied, d'un disque 45 tours et d'une sphère comprenant un mélange de gelées de type Skifidol Slime. L'oeuvre - qui ressemble à un satellite - a été inspirée par ses enfants et par l'impact de l'énergie solaire sur les éléments terrestres.

«J'étais intéressé par la combinaison des gelées qui donne une planète aux couleurs variées et dont la densité capture ou ralentit les rayons et particules cosmiques, dit-il. C'est aussi une référence au Large Hadron Collider, l'accélérateur de particules de Genève.»

Ni moraliste ni critique, Davide Bertocchi crée un espace comme source de dialogue et d'expression sur notre univers. Avec génie, mais aussi une pointe d'humour. «L'aspect humoristique permet de dédramatiser et de transmettre quelque chose en évitant les discours», conclut-il.

Tentatives de résolution empirique, de Davide Bertocchi, jusqu'au 18 février 2012 à la Galerie Pangée (Édifice Belgo, suite 412, 372, rue Sainte-Catherine Ouest)