La «biographie» d'un ancien pilote originaire de Magog est en train de créer une véritable controverse dans le monde de l'aviation. Le livre intitulé Du ciel aux enfers racontant la surprenante histoire de Conrad Racine serait un véritable «tissu de mensonges».

L'aviateur bien connu dans la région sherbrookoise, Gilles (Gilbert) Boulanger dénonce «ce mauvais roman qui est à 100 pour cent faux». M. Boulanger fait partie d'un regroupement d'acteurs du monde québécois de l'aviation qui dénoncent la biographie de Conrad Racine, parue ce printemps. Dans une lettre expédiée à l'auteur, André Barrière, la vingtaine de cosignataires réclament des excuses et demandent aux Éditions de l'Homme de retirer le livre des tablettes.

«J'en ai lu que dix pages et j'ai fermé le livre!», lance énergiquement M. Bélanger, qui a lui-même signé le récit de son expérience dans l'armée de l'air canadienne lors de la Deuxième Guerre mondiale, L'alouette affolée.

«L'auteur aurait dû demander d'abord ses carnets de vol. C'est dans ça que toutes les heures de vol sont écrites et signées par des gens en autorité. Moi, mes heures de vols sont clairement enregistrées auprès des autorités compétentes.»

Aventures rocambolesques

Conrad Racine est décédé en 2004 à l'âge de 72 ans. Selon ce livre, il aurait accumulé des aventures rocambolesques dignes des meilleurs livres de fiction relatant les exploits de héros de la guerre et de l'aviation civile.

On peut y lire que pendant un quart de siècle (1950-1975), ce pilote aurait multiplié les vols pour l'armée de l'air et l'aviation civile. Conrad Racine aurait frôlé la mort à plusieurs reprises, que ce soit dans des écrasements meurtriers, des atterrissages forcés dans le Grand Nord, des tempêtes de glace, des détournements d'avion, des embuscades au Vietnam ou comme prisonnier de guerre en Corée.

Le document du regroupement de personnalités outrées par l'ouvrage détruit plusieurs affirmations du livre, en spécifiant entre autres des erreurs de dates et en se basant sur des documents d'archives du monde de l'aviation. Par exemple, il est écrit que Conrad Racine aurait été impliqué dans un écrasement d'avion survenu en janvier 1956 au Labrador. Son nom ne figure dans aucun registre, soutiennent les signataires de la lettre expédiée à M. Barrière.

«Les dates ne correspondent pas avec les faits historiques, s'insurge Gilles Boulanger. C'est insultant pour les gens du monde de l'aviation et pour ceux qui ont été impliqués dans les événements qui se retrouvent dans le livre.»

Joint par le journal La Presse, l'auteur dit avoir travaillé de bonne foi et assure avoir vérifié les faits, mais qu'après «12 ans de recherche» il avait décidé d'arrêter. «J'ai essayé de consulter le dossier sur l'accident de 56, mais on m'en a refusé l'accès. Il y a des gens qui n'ont pas voulu me parler», a-t-il mentionné au journaliste Jean-Christophe Laurence.