Un homme, une femme. Jeunes. Ils s'aiment. Mais la vie - et une décision précipitée - va mettre un continent et un océan entre eux. L'amour survivra-t-il? Like Crazy, de Drake Doremus, qui met en vedette Felicity Jones et Anton Yelchin, se penche sur ce destin. De manière «différente». Rencontres.

«C'était comme tuer mon bébé chaque jour», laisse tomber Drake Doremus en évoquant la période de montage de Like Crazy, son troisième long métrage après Spooner et Douchebag. Rencontré pendant le Festival international du film de Toronto, il fait ce constat sans s'apitoyer sur lui ni sur le «bébé»: ce «meurtre» au quotidien, le réalisateur âgé de 28 ans a choisi de le commettre le jour où il a opté pour la méthode de tournage du film mettant en vedette Felicity Jones (Chéri, Brideshead Revisited) et Anton Yelchin (Star Trek, The Beaver). En fait, même avant ça. Dès l'écriture du scénario, faite en compagnie de Ben York Jones, le processus «différent» qui allait mener à une romance «différente» s'est installé.

Sur papier, pourtant, Like Crazy (qui a remporté le Grand Prix du jury à Sundance, où Felicity Jones a aussi reçu le prix de la meilleure actrice) ressemble à bien d'autres films. Anna et Jacob fréquentent la même université, en Californie. Elle, veut devenir journaliste ou écrivain. Lui, designer de meubles. Ils tombent follement amoureux l'un de l'autre, respirent l'un pour l'autre, regardent le monde à travers les yeux de l'autre; bref, ils s'aiment comme on s'aime dans les films. «C'est leur premier véritable amour, ils sont intoxiqués l'un par l'autre. Et les amours qu'ils auront par la suite seront toutes différentes de celui-là... parce que ce ne seront pas les premières», résume Anton Yelchin.

Bref, coup de foudre. Ivresse. Jusqu'à ce que la vie s'en mêle et s'emmêle. Anna décide, sur un coup de tête, de prolonger son séjour à Los Angeles (elle est britannique). Son visa expire bientôt, mais c'est un détail administratif, non? Non. Elle est expulsée des États-Unis, ne peut y revenir. L'amour à (grande) distance deviendra leur quotidien. Ils réapprendront à respirer pour eux-mêmes, à voir le monde à travers leurs propres yeux. L'amour survivra-t-il?

Improvisation

Oui, oui, déjà vu. Déjà vécu, peut-être. Mais pas de la manière dont Drake Doremus et ses deux vedettes l'ont traité. «Le scénario ressemblait à un synopsis très élaboré: chaque scène était décrite, nous savions ce qui devait s'y passer, nous avions quelques suggestions de dialogues et des notes concernant l'état d'esprit des personnages à ce moment-là», explique Felicity Jones. «À partir de là, nous improvisions. Mais avant, nous avons répété. Nous avons beaucoup répété», poursuit Anton Yelchin avec un sourire. Répétitions avant et pendant le tournage. Les deux jeunes acteurs étaient filmés tout le temps. «Impossible de quitter son personnage, dans une expérience comme celle-là», ajoute-t-il.

D'où sa surprise, et celle de sa partenaire, face au résultat final. «Il n'y a à l'écran que deux pour cent de ce que nous avons filmé», indique Drake Doremus, dont l'idée de départ était de revisiter, avec une honnêteté émotive et non pas de faits, une de ses relations amoureuses passées. Ce, en évitant «les moments habituels des comédies romantiques. Entre autres, les scènes de rupture. Je voulais m'attarder à ces instants qui semblent insignifiants, mais qui sont en fait fondateurs. Un premier regard, par exemple... « explique-t-il.

Like Crazy - dont la suite pourrait s'appeler Like Crazier, dit en souriant Anton Yelchin - est donc fait de ces petites choses qui font la vie. D'où l'impression de réalisme qui s'en dégage, alors qu'en une petite heure et demie, on suit Anna et Jacob sur une période de sept ans. De 19 à 26 ans. Fin des études. Début de carrière. Années cruciales, formatrices, où l'on change beaucoup. «Et pourtant, ils essaient tout le temps de revenir à ce moment-là, celui de leurs premiers pas ensemble, résume Felicity Jones. C'est irréaliste, impossible.» Mais tellement humain. Tellement Like Crazy.

Like Crazy prend l'affiche le 11 novembre