La Communauté métropolitaine de Montréal est «une fiction malsaine» et son plan d'aménagement, qui fait présentement l'objet de larges consultations, est «décevant», a dénoncé hier Projet Montréal.

À la deuxième journée des audiences consacrées à l'étude du Plan métropolitain d'aménagement et de développement de la CMM, au cours duquel une trentaine de mémoires généralement favorables ont été déposés, le parti de la deuxième opposition à Montréal a ainsi lancé un pavé dans la mare. En point de presse, son chef Richard Bergeron a demandé que ce plan soit «recentré sur Montréal», notamment en investissant 23 milliards dans le transport collectif d'ici 25 ans. Le PMAD, qui fait la part belle au concept de Transit Oriented Development (TOD), est trompeur, estime Émilie Thuillier, conseillère de l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville et porte-parole de Projet Montréal dans ce dossier. «Le plan d'aménagement, dans sa forme actuelle, est très décevant. On y lit à satiété le terme TOD, mais il est nettement orienté COD (pour Car Oriented Development).»

Plutôt que de miser sur de nouveaux investissements dans les infrastructures routières, les 82 municipalités de la CMM devraient compléter le réseau de transport en commun, notamment le tramway à Longueuil et Laval, suggère Projet Montréal. Les fonds nécessaires seraient «simplement obtenus en réorientant les investissements déjà annoncés», précise le chef, Richard Bergeron. Celui-ci propose également de limiter l'augmentation du parc automobile de 340 000 voitures - au lieu des 680 000 annoncés -, une économie de 43,5 milliards en achat de pétrole et de véhicules.

Quant au gel du dézonage agricole, tel que proposé, il ne voit pas en quoi il empêchera les banlieues de s'étendre. «Même dans la zone blanche actuelle, il y a largement de la place pour accueillir 500 000 personnes dans les 20 prochaines années.» Il ne s'attend pas à susciter les applaudissements des maires de banlieue avec ses propositions. «La CMM est une fiction malsaine, estime-t-il. Faire croire qu'on va s'entendre avec les couronnes sud, nord et maintenant ouest, alors qu'on est concurrents pour attirer le développement... On est une bande de coqs dans un poulailler. La CMM est une boîte à chicanes.»

Des emplois et de la culture

Applaudissant la vision du plan d'aménagement qui allie développement et transports en commun, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, a cependant manifesté son inquiétude quant au financement. Il faudrait plus de 23 milliards pour maintenir et développer les actifs du transport collectif dans la région métropolitaine, a souligné la chef de l'opposition. «Un financement inadéquat du transport en commun rendra caduque la mise en application du Plan», a-t-elle souligné.

La chambre de commerce du Montréal métropolitain, par la bouche de son président et chef de direction Michel Leblanc, a également salué ce plan présenté comme «un bon compromis, qui favorise le développement économique avec une meilleure fluidité des transports». Devant la commission, M. Leblanc a apporté une nuance importante au concept de densification du territoire, qui ne tient compte que du nombre d'habitations par hectare. «Il ne tient pas compte de la densité d'emploi, ce qui pourrait créer des situations dommageables pour des pôles économiques importants.»

L'organisme Culture Montréal, quant à lui, estime qu'«il faut donner un sens à la densification des territoires» en faisant la promotion de la vie culturelle. «On doit trouver des façons de rendre la vie la plus intéressante possible, a déclaré son président Simon Brault. La densité n'est vivable que si on est capable d'avoir une vie culturelle de qualité.»