Clive Owen est un habitué de Toronto. Il y a tourné, s'y est fait des amis. Et, pour la troisième année consécutive, il vient présenter son nouveau film au TIFF. Après The Boys Are Back et Trust, voici Killer Elite. Conversation avec un gentleman.

Le charme tient parfois à peu de chose. Quelques poils sous le nez et... pfttt! Plus rien. Le magnétisme brut disparaît. C'est la conclusion qui s'impose après avoir vu Killer Elite, où Clive Owen porte ce qu'on pourrait appeler « la moustache qui tue «. « Voyez jusqu'à quels extrêmes je peux me rendre pour un rôle! «, s'amusait l'acteur lors de l'entrevue qu'il a accordée cette semaine à La Presse, dans un hôtel torontois.

Et de poursuivre, voix profonde de baryton, regard vert rieur : « Je prends l'entière responsabilité de ce choix... disons, artistique. La moustache, c'était mon idée, personne ne m'a forcé, j'ai fait des recherches et j'ai vu qu'à cette époque, en Grande-Bretagne, tous les hommes en avaient une. Mais je l'ai rasée à la minute où le tournage a été bouclé.» Et de rire encore, en se calant dans sa chaise - sans pour autant perdre son élégance. On a de la classe ou on n'en a pas. Clive Owen en a à revendre.

L'époque à laquelle il fait référence, c'est la fin des années 70 et le début des années 80. Inspiré d'événements réels, Killer Elite de Gary McKendry suit d'abord deux hommes, Hunter et Danny. Clive Owen n'incarne aucun de ceux-là. Ils sont interprétés par Robert De Niro et Jason Statham, sont d'anciens membres des forces spéciales britanniques (SAS). Des spécialistes en contre-terrorisme, quoi.

Le premier est en danger, le second va tenter de le sauver. Pour cela, quitter la retraite, reprendre les armes, faire ami-ami avec un Sheikh renégat, déjouer des complots. Il y a des vies en jeu, des millions de dollars également, de possibles répercussions à échelle mondiale. Et, aux trousses de Danny, des tueurs. Menés par un certain Spike. Un ancien SAS lui aussi. Joué par Clive Owen.

« J'ai lu le scénario et il m'a plu immédiatement parce que c'est une histoire d'espionnage originale, explique l'acteur. Il y a de l'action, bien sûr, mais elle est ancrée dans un univers à la fois réaliste et différent de celui que l'on exploite habituellement dans les films d'espionnage. « L'univers de ces hommes qui ont vu et connu l'horreur en défendant leur pays, qui ont probablement commis des horreurs au nom de leur pays.

Et qui, un jour, rentrent au pays. « Qu'est-ce qui leur arrive alors? demande Clive Owen. Peuvent-ils, après avoir vécu des choses aussi intenses, retourner à une vie normale? Ils ne comprennent même pas eux-mêmes ce à travers quoi ils sont passés, les gens autour d'eux comprennent encore moins. «

Eaux troubles

Alors? Alors, ils peuvent devenir des Danny, des Hunter. Des Spike. Killer Elite navigue dans ces eaux troubles. À sa barre, un capitaine à première vue moins expérimenté que ses troupes : s'il a réalisé nombre de vidéoclips, de publicités et un court métrage qui lui a valu une nomination aux Oscars (Everything in This Country Must), Gary McKendry signe là son premier long métrage. Clive Owen n'y a pas vu un problème : « C'est un type formidable et il sait ce qu'il veut. Sur le plateau, on a vite oublié qu'il faisait son premier film. Mais en même temps, il y a quelque chose d'extraordinaire dans le fait de travailler avec des nouveaux venus : ils ont cet enthousiasme qui nous rappelle combien nous sommes chanceux d'exercer ce métier, à quel point faire des films est un privilège. Et cet enthousiasme-là est contagieux. «

C'est donc avec enthousiasme qu'il s'est pris aux cheveux (manière de parler) avec Jason Statham, dans quelques scènes de combat très musclées. Il a adoré. En fait, même s'il est habitué à se battre devant les caméras, il aime toujours l'expérience: « Ce sont des scènes très chorégraphiées, leurs objectifs sont très clairs, nous devons les exécuter à un rythme bien précis. Il y a quelque chose de très satisfaisant à répondre ainsi à la commande. « Avant de retourner aux dialogues, « qu'il y a tellement de manières d'interpréter «.

Dans le cas de Spike, la colère est omniprésente. Une colère parfois contenue, parfois explosive. Mais la colère, toujours. « Le SAS était sa vie et il a été obligé de le quitter après avoir été blessé. Pendant des années, il s'est fait dire qu'il était spécial, suprêmement important, différent de tous les autres. Et soudain, on lui montre la porte. « Clive Owen n'est pas un homme en colère. Mais il a compris le personnage. A endossé sa rage. Ses poings serrés. Sa mâchoire crispée. Sa veste de cuir. Et, oui, sa moustache...

Killer Elite (Tueur d'élite) prend l'affiche le 23 septembre