Dix ans après le premier Spy Kids, de nouveaux espions en herbe prennent d'assaut le grand écran. Une quatrième aventure? Pour Robert Rodriguez, elle se devait d'être en 4D - donc, aussi, en «aromascope». Conversation avec un gars qui a du pif.

Tout a commencé par l'explosion d'une couche. Sur le plateau de Machete, il fallait s'attendre à tout. Mais la chose a quand même surpris Robert Rodriguez, qui en a été témoin. Entre deux scènes, Jessica Alba courait vers sa fille pour l'amuser, la nourrir ou la changer. Ce jour-là, le cinéaste a observé la comédienne se débattre avec une couche pleine à craquer (d'où l'idée d'«explosion»). «C'est alors que je l'ai imaginée en mère de famille espionne», se souvenait, lors de rencontres de presse tenues à Los Angeles, l'homme-orchestre qui, pour Spy Kids: All the Time in The World in 4D Aromascope (et plusieurs de ses autres projets) a agi comme réalisateur, scénariste, producteur, compositeur et directeur de la photographie.

L'idée de ce quatrième Spy Kids est donc née de ce... combat à finir. Le désir de revenir à cet univers dont le premier volet datait déjà de 10 ans existait déjà: «Bien des parents me disent régulièrement combien leurs enfants aiment les Spy Kids. Même chez moi, les plus jeunes n'étaient même pas nés quand les premiers films sont sortis et j'avais beau leur dire que je les avais faits, ils ne comprenaient pas. Il a fallu qu'ils voient des images prises des coulisses, qu'ils me voient là... et là, ils ont été soufflés: «Tu connais les Spy Kids?»»

Voilà qui a servi de carburant à Robert Rodriguez. Pour qui il était important de conserver le côté innovateur de la série: «Quand le premier film est sorti, il ne se faisait à peu près pas de films familiaux. Le deuxième, je l'ai tourné en numérique, ce qui ne se faisait pas vraiment à l'époque. Le troisième était en 3D et même si on me reproche encore les lunettes de carton, c'était quelque chose de nouveau pour un long métrage. Et puisque tout le monde fait de la 3D maintenant, le quatrième devait être en 4D!» L'odeur, quoi. La fameuse couche a peut-être aussi été une inspiration pour ça!

Bref, en arrivant au cinéma, les spectateurs se verront remettre une paire de lunettes 3D (les nouvelles, oui) mais aussi une carte avec huit sceaux à gratter au moment opportun. Un procédé artisanal... qui ne fonctionnait pas lors du visionnement auquel La Presse a assisté à la fin du mois de juillet. «Mais ça va marcher lors de la sortie en salle, assure Robert Rodriguez. C'est que nous avons avancé la première mondiale, les entrevues et la projection de presse, pour que Jessica puisse être avec nous.»

Voleur de temps

La comédienne est en effet très avancée dans sa deuxième grossesse. Nouvelles couches explosives à l'horizon? En fait, il n'a pas été question de cela avec elle, ni avec ses compagnons à l'écran. Le temps a été au centre des discussions - puisqu'il est au coeur de All the Time in The World, où un sinistre personnage, le Timekeeper (Jeremy Piven), vole le temps des uns et des autres. Les conséquences seraient désastreuses si Marissa Cortez Wilson (Alba) ne s'en mêlait pas. Espionne de choc «à la retraite» depuis qu'elle a donné naissance à une petite fille, mariée à un chasseur d'espions qui ignore tout des vraies activités de son épouse (Joel McHale), et belle-mère pas très aimée de jumeaux âgés de 10 ans (Rowan Blanchard et Mason Cook), elle reprend ainsi du service - entraînant les jeunes Rebecca et Cecil dans son sillage. Les nouveaux espions en herbe, c'est eux. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne rencontreront pas leurs illustres prédécesseurs, Carmen et Juni (Alexa Vega et Daryl Sabara). Qui ont bien changé.

Eh oui, le temps s'envole - même quand personne ne le vole! Et Robert Rodriguez de livrer là un grand scoop: «Le Timekeeper, c'est moi. Je ne voudrais pas que le temps passe et que mes enfants grandissent. Et puis, je voudrais avoir plus de temps avec ma famille», avoue celui qui parvient à faire tout ce qu'il fait parce qu'il a planté son studio à deux pas de chez lui, à Austin, Texas: Troublemaker Studios Production, qu'il a fondé et dirige avec Elizabeth Avellan (son ex-épouse et mère de ses cinq enfants), occupe d'anciens hangars de l'aéroport local. «Je saute du lit et je peux travailler. J'ai une idée et je peux me mettre à la creuser immédiatement», explique celui qui, complètement autonome des studios, n'a pas «à attendre le financement pour mettre le créatif en oeuvre. Partout ailleurs, c'est le contraire qui se passe.» Et pour lui, ça, ce serait vraiment du temps perdu. Volé, même.

Dans nos pages la semaine prochaine: notre entrevue avec les acteurs.

Spy Kids: All the Time in the World in 4D Aromascope (Espions en herbe: Tout le temps du monde en 4D avec Aromascope) prend l'affiche le 19 août.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.