D'un individu à l'autre, le fait d'apprendre que ses parents sont en réalité des parents adoptifs déclenche toutes sortes de réactions. Mais qu'en est-il lorsqu'on apprend que notre naissance est le résultat d'un viol? Voilà un sujet délicat qu'explore le jeune réalisateur Shawn Linden dans le film Rose by Name actuellement en tournage à Montréal.

Cullen Francis portait ce nom de famille jusqu'au jour de ses 20 ans où il apprend de la pire des façons que son père biologique s'appelait Rose. Keith Rose.

À sa mort prématurée, sa mère Doris lui lègue une vieille cassette vidéo dans laquelle elle lui révèle qu'il est né d'un viol sordide où son agresseur l'a laissée pour morte. Bouleversé, Cullen part à la recherche de son père biologique pour le confronter. Avec, sur ses pas, son père adoptif, Richard, qui tente de le protéger. Jusqu'au jour où Cullen découvre un terrible secret.

Thriller psychologique dont le tournage a lieu actuellement à Montréal, Rose by Name est une histoire où le scénariste et réalisateur Shawn Linden explore les liens de sang. Il pose ses propres questions, offre son point de vue sur le phénomène d'adoption et de la recherche de la vérité. Que cette fiction soit à la source inspirée de son histoire familiale - détails sordides en moins - ne surprend pas.

«Ma mère est une enfant adoptée, raconte Linden, rencontré cette semaine sur le plateau de tournage campé dans Notre-Dame-de-Grâce. Un jour, elle a embauché un détective privé afin de retrouver ses parents biologiques.»

Le détective les a en effet retrouvés, mais il est revenu avec une fin de non-recevoir. Les parents biologiques de la mère de Linden ne voulaient pas la rencontrer. Au lieu d'être ébranlée, cette dernière a encaissé le coup et la vie a suivi son cours.

«Lorsque j'ai demandé à ma mère pourquoi elle n'était pas plus choquée, elle m'a suggéré de repenser à mes grands-parents, poursuit le réalisateur. Cet homme et cette femme qui ont adopté ma mère sont merveilleux. Je ne pourrais pas avoir de meilleurs grands-parents. En fait, ils ont eu une grande importance dans ma vie. Leurs encouragements expliquent en bonne partie ce que je fais aujourd'hui.»

Julie Le Breton

Originaire de Winnipeg où il demeure, Linden a été remarqué au moment de la sortie de son premier long métrage, Nobody, réalisé, volontairement souligne-t-il, avec très peu de moyens. Rose by Name a été pris en charge par Suki Films, une boîte montréalaise de production qui a récemment sorti le film The High Cost of Living. Tant l'équipe de production que la distribution du film de Linden viennent de différents horizons. Le rôle de Cullen est tenu par Thomas Bekker, acteur américain vu dans A Nightmare on Elm Street. Son père, Richard, est interprété par Matt Craven (Public Enemies, A Few Good Men) alors que sa mère, Doris, est interprétée par Julie Le Breton. En entrevue, cette dernière indique que même si son nombre de scènes est restreint, la présence de la mère est au coeur de l'histoire.

«En lui faisant remettre la cassette vidéo, je provoque un tsunami dans sa vie. C'est assez percutant», dit-elle. De cette jeune fille devenue mère dans la violence, elle défend un personnage de femme aimante. «Mon personnage décide de garder le bébé, signe qu'elle et lui ont survécu. Elle est une survivante, une battante. Elle veut un enfant heureux.»

Dans cette équipe mi-anglo, mi-franco, Julie Le Breton a trouvé un engagement, une foi, une passion à faire les choses. Elle a aimé côtoyer Thomas Bekker, dont la carrière décolle sérieusement aux États-Unis. «On sent qu'il y a une façon de travailler différente de la nôtre», dit-elle.

Cela lui donne-t-il le goût de sauter la frontière et de passer au Sud? Pas nécessairement, répond la comédienne, qui aura un été chargé avec les tournages des prochaines saisons de Toute la vérité et de Mauvais Karma. «Ce que je fais ici me plaît beaucoup», dit-elle.

De son personnage de Cullen, Thomas Dekker dit être sensible au côté sombre. «J'aime ces personnages qui donnent la possibilité d'explorer de grandes questions, dit le comédien qui en est à sa première visite à Montréal.

Quant à Matt Craven, père d'un garçon de 19 ans et d'une fille de 17 ans, il se sentait en terrain connu. Il est convaincu que sa vie de père l'a très bien servi dans ce rôle. «J'ai le sentiment que pour jouer un tel personnage, il me fallait avoir moi-même des enfants», dit-il.

Rose by Name doit sortir à l'automne 2012.